R.O.C. 06
16Août/12Off

L’impossible capitalisme vert

Daniel Tanuro vous êtes l’auteur de L’impossible capitalisme vert, paru aux éditions Les empêcheurs de penser en rond / La découverte. Vous êtes aussi le fondateur de l’ONG « Climat et justice sociale ». Qu’est-ce que le « capitalisme vert » ?

D.T. : L’expression « capitalisme vert » peut s’entendre dans deux sens différents. Un producteur d’éoliennes peut se targuer de faire du capitalisme vert. En ce sens - au sens que certains capitaux s’investissent dans un secteur « propre » de l’économie – une forme de capitalisme vert est évidemment possible et très rentable. Mais la vraie question est de savoir si le capitalisme dans son ensemble peut tourner au vert, autrement dit si l’action globale des capitaux nombreux et concurrents qui constituent le Capital peut respecter les cycles écologiques, leur rythmes, et la vitesse de reconstitution des ressources naturelles. C’est dans ce sens que mon livre pose la question et il y répond par la négative. Mon argument principal est que la concurrence pousse chaque propriétaire de capitaux à remplacer des travailleurs par des machines plus productives, afin de toucher un surprofit en plus du profit moyen. Le productivisme est ainsi au cœur du capitalisme. Comme disait Schumpeter : « un capitalisme sans croissance est une contradiction dans les termes ». L’accumulation capitaliste étant potentiellement illimitée, il y a un antagonisme entre le capital et la nature, dont les ressources sont finies. On peut objecter que la course à la productivité amène le capital à être de plus en plus économe en ressources, ce qui se traduit notamment par la diminution observée de la quantité d’énergie nécessaire à la production d’un point de PIB. Mais, d’une part, cette tendance à l’efficience accrue ne peut évidemment pas se prolonger indéfiniment de façon linéaire et, d’autre part, on constate empiriquement qu’elle est plus que compensée par la masse croissante de marchandises produites. Le capitalisme vert est donc un oxymore, au même titre que le capitalisme social.

Ce constat ouvre un débat entre deux conceptions stratégiques opposées. Pour les uns, le fonctionnement spontanément écocidaire du capitalisme peut être corrigé par une action politique dans le cadre du système, en recourant aux mécanismes marchands (taxes, incitants fiscaux, droits d’émission échangeables, etc.). Pour les autres, dont je fais partie, une politique de rupture s’impose au contraire parce qu’une remise en cause des lois fondamentales du capitalisme est absolument indispensable au sauvetage de l’environnement. Il s’agit notamment d’oser contester la propriété privée des moyens de production, fondement du système. A mon avis, le débat entre ces deux lignes est tranché en pratique par l’exemple de la lutte contre les changements climatiques. Dans les pays capitalistes développés, nous sommes confrontés à l’obligation d’abandonner quasi-complètement l’usage des combustibles fossiles en deux générations à peine. Si l’on exclut le nucléaire – et il faut l’exclure - cela implique, en Europe par exemple, de diviser de moitié environ la consommation finale d’énergie, ce qui n’est possible qu’en réduisant dans une mesure non négligeable la transformation et le transport de matière. Passage aux renouvelables et réduction de la consommation énergétique sont liés et nécessitent des investissements importants, inconcevables si les décisions restent subordonnés au dogme de l’efficience-coût. Or, l’alternative à l’efficience-coût ne peut être qu’une planification démocratique axée sur les besoins sociaux et écologiques. Et cette planification à son tour n’est possible qu’en brisant la résistance des monopoles du pétrole, du charbon, du gaz, de l’automobile, de la pétrochimie, de la construction navale et aéronautique,…, car ceux-ci veulent brûler des combustibles fossiles le plus longtemps possible.

Le changement climatique est au centre de votre livre. Vous interprétez ce changement comme étant un « basculement climatique ». Qu’entendez-vous par basculement, et en quoi celui-ci vous paraît-il être autrement plus inquiétant qu’un simple changement ?

D.T. : L’expression « changements climatiques » (il s’agit bien de changements, au pluriel) suggère la répétition de variations climatiques analogues à celles du passé. Or, d’ici la fin du siècle, en quelques décennies, le climat de la Terre risque de changer autant qu’au cours des 20.000 années écoulées depuis la dernière glaciation. Nous ne sommes sans doute plus très loin d’un « tipping point » au-delà duquel il ne sera plus possible d’empêcher la fonte à terme des calottes glaciaires formées il y a 65 millions d’années. Pour décrire cette réalité, le terme « basculement » est indiscutablement plus adapté que celui de « changements » ! La vitesse du phénomène est sans précédent et fait peser une menace majeure, car de nombreux écosystèmes ne pourront pas s’adapter. Cela vaut non seulement pour les écosystèmes naturels mais aussi, je le crains, pour certains écosystèmes aménagés par l’être humain. Voyez ce qui se passe au Pakistan : conçu par le colonisateur britannique en fonction de ses intérêts impérialistes, le dispositif de gestion des eaux de l’Indus par des barrages et des digues qui alimentent un vaste réseau d’irrigation se révèle inadéquat face au risque de crues exceptionnelles. Or, ce risque augmente parce que le réchauffement perturbe le régime des moussons et augmente la violence des précipitations. Il me semble illusoire d’espérer gagner cette course de vitesse en renforçant les infrastructures existantes, comme le proposent la Banque Mondiale et les grands groupes capitalistes spécialisés dans les travaux publics. A l’endiguement des eaux, il serait plus raisonnable d’opposer la gestion souple des crues qui était pratiquée avant la colonisation. C’est ce que propose l’IRN (International Rivers Network) : permettre aux flots d’évacuer les sédiments pour empêcher l’envasement du bassin et alimenter le delta, arrêter la déforestation, ménager des zones inondables, etc. Mais cela demande une refonte complète du dispositif, sur plus de 3000 km, avec des implications majeures sur l’aménagement du territoire, la politique agricole, la politique urbaine, la production énergétique, etc. Sur le plan social, cette refonte, à réaliser en deux ou trois décennies (c’est-à-dire très vite pour des travaux d’une telle ampleur !), implique de remettre en cause le pouvoir de l’oligarchie foncière ainsi que les programmes de développement que FMI et Banque Mondiale imposent par le truchement de la dette. Cette dette doit d’ailleurs être annulée, sans quoi la reconstruction sera lourdement hypothéquée et le pays, étranglé, risquera d’entrer dans l’histoire comme le premier exemple de spirale régressive où le réchauffement global lie entre eux tous les mécanismes du sous-développement et en démultiplie les effets négatifs. On voit bien ici comment les questions sociales et environnementales s’interpénètrent. En fait, la lutte contre le basculement climatique requiert un basculement politique vers un autre modèle de développement, centré sur la satisfaction des besoins des populations. Sans cela, d’autres catastrophes encore plus terribles risquent de se produire, dont les pauvres seront les principales victimes. Tel est l’avertissement lancé par le drame pakistanais.

Vous estimez que les pays du Sud devraient « sauter » l’étape des énergies fossiles pour assurer leur développement et passer directement à celle des énergies renouvelables. Que répondez-vous à ceux qui vous objectent que les énergies renouvelables ne sont pas en mesure (techniquement et quantitativement) d’assurer cette fonction ?

D.T. : Je leur réponds qu’ils ont tort. Le flux solaire qui atteint la surface de la Terre équivaut 8 à 10.000 fois la consommation énergétique mondiale. Le potentiel technique des énergies renouvelables – c’est-à-dire la part de ce potentiel théorique utilisable au moyen des technologies connues, indépendamment du coût – représente six à dix-huit fois les besoins mondiaux, selon les estimations. Il est certain que ce potentiel technique pourrait augmenter très rapidement si le développement des renouvelables devenait enfin une priorité absolue des politiques de recherche dans le domaine de l’énergie (ce qu’il n’est toujours pas actuellement). La transition aux renouvelables pose assurément une foule de problèmes techniques complexes, mais il n’y a pas de raison de les croire insurmontables. Les principaux obstacles sont politiques. Un : sauf exceptions, les énergies renouvelables restent plus chères que les énergies fossiles. Deux : passer aux renouvelables n’est pas la même chose que de changer de carburant à la pompe : il faut changer de système énergétique. Cela requiert d’énormes investissements et ceux-ci, au début de la transition, seront forcément consommateurs d’énergies fossiles, donc générateurs de gaz à effet de serre supplémentaires ; ces émissions supplémentaires doivent être compensées, et c’est pourquoi, dans l’immédiat, la réduction de la consommation finale d’énergie constitue la condition sine qua non d’un passage aux renouvelables qui, une fois opéré, ouvrira de nouveaux horizons. Je le répète : il n’y a pas de solution satisfaisante possible sans affronter le double obstacle combiné du profit et de la croissance capitalistes. Cela implique notamment que les technologies propres contrôlées par le Nord soient transférées gratuitement au Sud, à la seule condition d’être mises en œuvre par le secteur public et sous contrôle des populations.

Vous prônez une écologie sociale que vous appelez l’écosocialisme. Qu’est-ce qu’un écosocialiste ? Et en quoi se différencie-t-il d’un écologiste ou d’un socialiste de « base » ?

D.T. : Un écosocialiste se différencie d’un écologiste en ceci qu’il analyse la « crise écologique » non comme une crise du rapport entre l’humanité en général et la nature mais comme une crise du rapport entre un mode de production historiquement déterminé et son environnement, donc en dernière instance comme une manifestation de la crise du mode de production lui-même. Autrement dit, pour un écosocialiste, la crise écologique est en fait une manifestation de la crise du capitalisme (en n’oubliant pas la crise spécifique des sociétés dites « socialistes » qui ont singé le productivisme capitaliste). Il en résulte que, dans son combat pour l’environnement, un écosocialiste proposera toujours des revendications qui font le lien avec la question sociale, avec la lutte des exploités et des opprimés pour une redistribution des richesses, pour l’emploi, etc.
Par ailleurs, l’écosocialiste se différencie du socialiste « de base », comme vous dites, en ceci que, pour lui, le seul anticapitalisme qui vaille désormais est celui qui prend en compte les limites naturelles ainsi que les contraintes de fonctionnement des écosystèmes. Cela a de nombreuses implications : rupture avec le productivisme et le consumérisme, bien sûr, dans la perspective d’une société où, les besoins de base étant satisfaits, le temps libre et les relations sociales constituent la véritable richesse. Mais aussi contestation des technologies ainsi que des productions nuisibles, couplée à l’exigence de reconversion des travailleurs. La décentralisation maximale de la production et de la distribution, dans le cadre d’une économie démocratiquement planifiée, est une autre insistance des écosocialistes. Un point sur lequel il me semble important d’insister est la mise en cause de la vision socialiste traditionnelle qui voit toute hausse de la productivité du travail agricole comme un pas vers le socialisme. A mon avis, cette conception ne permet pas de rencontrer les exigences de respect accru de l’environnement. En fait, une agriculture et une foresterie plus soutenables écologiquement nécessitent plus de main-d’œuvre, pas moins. Recréer des haies, des bocages, des zones humides, diversifier les cultures, mener la lutte biologique, par exemple, implique une augmentation de la part du travail social investi dans des tâches de maintenance écologique. Ce travail peut être de haute scientificité et de haute technicité – ce n’est pas le retour à la houe – mais il n’est guère mécanisable. C’est pourquoi je pense qu’une culture du « prendre soin » (j’emprunte ce concept à Isabelle Stengers) doit imprégner les activités économiques, en particulier celles qui sont en prise directe sur les écosystèmes. Nous sommes responsables de la nature. D’une certaine manière, il s’agit d’étendre la logique qui est celle de la gauche dans le domaine des soins aux personnes, de l’enseignement, etc. Aucun socialiste ne plaide pour remplacer les infirmières par des robots ; nous sommes tous conscients du fait qu’il faut plus d’infirmières mieux payées pour que les patients soient mieux soignés. Eh bien ! il en va de même, mutatis mutandis, pour l’environnement : pour être mieux soigné, il y faut plus de force de travail, d’intelligence et de sensibilité humaines. Contrairement au « socialiste de base », et même si c’est difficile, l’écosocialiste, parce qu’il est conscient de l’urgence, tâche d’introduire toutes ces questions dans les luttes des exploités et des opprimés, plutôt que de les renvoyer aux lendemains qui chantent.

Beaucoup, dont moi, sont convaincus que la sortie de capitalisme productiviste est une condition incontournable pour lutter efficacement contre le changement climatique.
Pour ce faire, vous en appelez à « l’homme social, les producteurs associés ». Qui sont-ils, et comment peuvent-ils concrètement agir ?

D.T. : Vous faites allusion à la citation de Marx placée en exergue de mon ouvrage : « La seule liberté possible est que l’homme social, les producteurs associés, règlent rationnellement leur échange de matière avec la nature… ». Il faut bien voir que dans l’esprit de Marx, cette régulation rationnelle des échanges est conditionnée par la disparition du capitalisme. En effet, d’une part la lutte de tous contre tous sape en permanence les tentatives des producteurs de s’associer ; d’autre part, une fraction significative des producteurs -les salariés- sont coupés de leurs moyens de production. Ceux-ci, y compris les ressources naturelles, sont appropriés par les patrons. Privés de tout pouvoir de décision, les salariés ne sont pas en mesure de régler rationnellement quoi que ce soit qui concerne la production, pour ne pas parler de régler rationnellement les échanges de matière avec l’environnement ! Pour se constituer en homme social, les producteurs doivent commencer à s’associer dans le combat contre leurs exploiteurs. Ce combat porte en germe l’appropriation collective des moyens de production et l’usufruit collectif des ressources naturelles. Ceux-ci à leur tour sont la condition nécessaire mais non suffisante d’une relation plus harmonieuse avec la nature.

Ceci dit, on peut répondre à votre question sur l’action concrète en examinant comment les différents groupes de producteurs comprennent - ou pas - la nécessité de réguler rationnellement les échanges de matière humanité-nature. Actuellement, il est frappant que les prises de position de type écosocialiste les plus avancées émanent des peuples indigènes et des petits paysans mobilisés contre l’agrobusiness. Ce n’est pas un hasard : ces deux catégories de producteurs ne sont pas, ou pas complètement, coupés de leurs moyens de production. C’est pourquoi elles sont capables de proposer des stratégies concrètes de régulation rationnelle de leurs échanges avec l’environnement. Les peuples indigènes voient dans la défense du climat un argument supplémentaire en faveur de la préservation de leur mode de vie précapitaliste, en symbiose avec la forêt. Quant au mouvement paysan Via Campesina, il a élaboré tout un programme de revendications concrètes sur le thème « les paysannes et les paysans savent comment refroidir le climat ». Par contraste, le mouvement ouvrier est à la traîne. C’est évidemment le résultat du fait que chaque travailleur salarié individuel est amené à souhaiter la bonne marche de l’entreprise qui l’exploite, afin de préserver son gagne-pain. Conclusion : plus les solidarités ouvrières reculeront face à l’offensive néolibérale, plus il sera difficile de développer une conscience écologique chez les travailleurs. C’est un gros problème, car la classe ouvrière, de par sa place centrale dans la production, est appelée à jouer un rôle de premier plan dans la lutte pour l’alternative anticapitaliste nécessaire au sauvetage de l’environnement. Les peuples indigènes, les organisations paysannes et la jeunesse ont donc intérêt à tenter d’impliquer toujours plus les syndicats dans les campagnes pour le climat, en multipliant les collaborations, les contacts à la base, etc. A l’intérieur même du mouvement ouvrier, il convient de faire émerger des revendications qui répondent aux préoccupations en matière d’emploi, de revenu et de conditions de travail tout en contribuant à réduire les émissions de gaz à effet de serre. Un enjeu important à cet égard est la réduction collective radicale du temps de travail, sans perte de salaire, avec diminution drastique des cadences et embauche compensatoire. Un autre volet est l’extension d’un secteur public sous contrôle des travailleurs et des usagers : transports publics gratuits et de qualité, service public de l’énergie, entreprises publiques d’isolation et de rénovation des bâtiments, etc. Les écosocialistes ont un rôle à jouer pour favoriser l’apparition de telles demandes.

Avec L’impossible capitalisme vert vous ne semblez pas craindre d’être taxé de catastrophiste par ceux qui n’ont pas encore compris que nous sommes entrés dans l’ère de l’anthropocène et que l’homme est le principal responsable, notamment depuis l’ère industrielle, de l’emballement climatique. Le capitalisme vert, tout comme « le développement durable » et le « greenwashing », ne participent-ils pas d’une volonté de nier cette responsabilité et de continuer « comme avant » ? La sortie du capitalisme productiviste ne passe-t-elle pas d’abord par une modification de nos comportements de consommateurs et de producteurs ?

D.T. : Je ne suis pas un catastrophiste. Dans mon livre, je me suis basé quasi- exclusivement sur les rapports du GIEC qui, pour ce qui est du diagnostic sur le réchauffement et sur ses impacts possibles, m’apparaissent, quoi qu’on en dise, comme une excellente synthèse de « bonne science », soumise à la peer review. C’est vrai que le GIEC retarde un peu par rapport aux dernières découvertes, mais cela ne change pas grand-chose aux conclusions. En fait, je redoute les discours de panique et de surenchère. Trop souvent, ils tendent à occulter les vraies menaces et les vraies responsabilités. Le basculement climatique se prête bien aux eschatologies, et il ne manque pas de gourous pour clamer que « la planète est en danger », que « la vie est en danger » que « l’humanité est en danger », que le « plafond photosynthétique » va nous tomber sur la tête, ou que sais-je encore. Tout cela est excessif. La planète ne craint rien, et la vie sur Terre est un phénomène à ce point coriace que l’humanité, quand bien même elle le voudrait, ne pourrait probablement pas en venir à bout, même à coup de bombes atomiques… Quant à notre espèce, le changement climatique, en soi, ne la met pas en péril. Le danger qu’il fait planer est plus circonscrit : trois milliards d’êtres humains environ risquent une dégradation substantielle de leurs conditions de vie, et quelques centaines de millions d’entre eux – les plus pauvres – sont menacés dans leur existence même. Les décideurs le savent et ne font rien - ou presque rien - parce que cela coûterait trop cher, et handicaperait par conséquent la bonne marche des affaires. Voilà la réalité toute nue. Trop souvent, les discours catastrophistes ont pour effet d’en voiler la barbarie potentielle, et de diluer les enjeux dans un vague sentiment global de culpabilité : « ne perdons pas de temps à pinailler sur les responsabilités », « nous sommes tous coupables », « nous devons tous accepter de faire des efforts », etc. Pendant ce temps-là, les lobbies énergétiques continuent tranquillement à brûler du charbon et du pétrole à tire-larigot…

Ceci m’amène à la deuxième partie de votre question, concernant le changement de nos comportements de producteurs et de consommateurs. A la suite de ce que j’ai dit plus tôt, il convient de souligner que les salariés sont incapables de changer leurs comportements de producteurs. Qui produit, comment, pourquoi, pour qui, en quelles quantités, avec quels impacts écologiques et sociaux ? au quotidien, seuls les patrons ont le pouvoir de répondre à ces questions et, en dernière instance, ils y répondent en fonction de leurs profits. Les salariés ne peuvent que tenter d’exercer un droit de regard sur la gestion patronale, dans le but de la contester et de prendre conscience de leur capacité de faire mieux, selon d’autres critères que le profit. C’est la dynamique du contrôle ouvrier, et les écosocialistes devraient se pencher sur la manière dont cette vielle revendication peut être revisitée pour englober les préoccupations environnementales.

Pour ce qui est de la consommation, je crois nécessaire de faire la distinction entre les changements individuels et les changements collectifs. A tout prendre, il vaut certes mieux que celui qui voyage en avion compense ses émissions de CO2 d’une manière ou d’une autre, mais cette compensation lui permettra surtout de s’acheter une bonne conscience à bon marché tout en le détournant du combat politique en faveur des changements structurels indispensables. Promouvoir ce genre de comportements, c’est faire le jeu du « greenwashing », et celui-ci vise effectivement à « continuer comme avant ». Autre chose sont les changements collectifs qui concourent à valider une autre logique possible, favorisent l’invention de pratiques alternatives et contribuent à la prise de conscience que des changements structurels sont nécessaires, qui passent par une mobilisation sociale. Ces changements-là, tels que les groupements d’achat de produits bio auprès des agriculteurs, ou les potagers urbains collectifs, sont à encourager.

Peut-on lutter contre le basculement climatique sans tenir compte des coûts financiers et sociaux que cela représente ? Y-a-t-il urgence à bâtir un autre modèle et à risquer de mettre en péril la société toute entière ? Entre Nature et civilisation, quel choix ?

D.T. : Dire qu’une autre politique climatique mettrait la société toute entière en péril au nom d’une priorité de la Nature sur la civilisation, c’est mettre la réalité sur sa tête ! Ce qui se passe en vérité, c’est que la politique actuelle met la civilisation en péril tout en causant d’énormes dommages irréversibles à la Nature, qui est notre patrimoine commun. Cette politique est totalement subordonnée au dogme de l’efficience-coût, et on voit ce que ça donne : des peanuts. Nous allons droit dans le mur. Evidemment, une autre politique ne pourra pas faire comme si le coût des différentes mesures à prendre n’avait aucune espèce d’importance : entre deux stratégies équivalentes pour réduire les émissions, il est raisonnable de choisir celle qui, toutes autres conditions étant égales, coûtera le moins cher à la collectivité. Mais le fond de l’affaire qu’il faut d’abord une autre politique, guidée par d’autres critères que le coût, notamment des critères qualitatifs. Sur le plan technique, un critère essentiel est celui de l’efficience énergétique au niveau des filières. Le grand écologiste américain Barry Commoner plaidait déjà cette cause il y a plus de vingt ans. Il est thermodynamiquement absurde, disait-il, de transporter du charbon sur des milliers de kilomètres pour produire de l’électricité qui, une fois acheminée sur des centaines de kilomètres, servira à chauffer de l’eau sanitaire, chose que l’on peut très bien faire avec un chauffe-eau solaire. Sur le plan social, un critère majeur doit être la protection des populations et de leur bien-être, en particulier la protection des plus pauvres. Ce critère, aujourd’hui, est très largement ignoré, d’où le drame du Pakistan, entre autres.

Enfin, pensez-vous que votre projet écosocialiste soit réalisable dans un avenir proche ?

D.T. : La possibilité de réaliser ce projet dépend entièrement des rapports de force entre le capitalisme d’une part, les exploités et les opprimés d’autre part. Ces rapports de force sont actuellement à l’avantage du capital, il ne faut pas se le cacher. Mais il n’y a pas de troisième voie possible : les tentatives de sauver le climat par des mécanismes de marché étalent tous les jours leur inefficacité écologique et leur injustice sociale. Il n’y a pas d’autre chemin que celui de la résistance. Elle seule peut changer les rapports de forces et imposer des réformes partielles allant dans la bonne direction. Copenhague a été un premier pas, le sommet de Cochabamba un second. Continuons à marcher, unissons-nous, mobilisons-nous, construisons un vaste mouvement mondial pour le sauvetage du climat dans la justice sociale. Ce sera plus efficace que toutes les démarches lobbyistes de ceux qui se font des illusions sur le capitalisme vert.

SOURCE
http://www.ecologitheque.com/itwtanuro.html

5Août/12Off

Pourquoi suis-je décroissant ?

Paru sur http://confluences.ouvaton.org par de Michel Lepesant,
[Des bouts de mails qui répondent explicitement à la question]

Les décroissants veulent-ils changer le monde ?

Etre décroissant : la croissance n’est pas une solution mais un problème.
Et pourtant nous voyons les choses du « point de vue des dominés » = nous sommes de gauche
et même socialistes : du socialisme utopique (mais pour nous, une utopie n’est pas un « but » mais un « dé-but »).
nous sommes de la gauche anti-productiviste : parce qu’une croissance infinie dans un monde fini est une mystification économique et écologique : le travail n’est pas non plus pour nous une solution (au chômage) (nous savons très bien que dans le monde de la croissance, le chômage n’est pas un problème, il est juste une solution).
(et comme il n’y a pas de production sans consommation) : nous sommes aussi des anti-consuméristes (la société de consommation est absurde : une croissance infinie dans un monde fini est absurde).
c’est donc le « monde de la croissance » que nous rejetons (et pas seulement la « croissance »).
et comme nous rêvons d’un monde écologiquement responsable, socialement juste, démocratique, nous le commençons « sans attendre ».
dans nos expérimentations sociales et écologiques minoritaires (des « luttes pour et avec » au lieu de risquer de s’enfermer dans les seules « luttes contres » – des formes classiques de la résistance à la désobéissance).
et si nous commençons ainsi sans attendre c’est parce que nous sommes « sans illusion » sur la prise préalable du pouvoir comme condition pour changer le monde.

Qui sont nos « adversaires » ?

En tant qu’organisation politique groupusculaire qui passe son temps à se définir en se différenciant, nos « adversaires » sont donc (du plus éloigné au plus proche ) :
la droite (parce qu’ils ont le point de vue des dominants) : la décroissance, c’est la décroissance des inégalités (donc, cf. Gadrey, OK pour la croissance des plus appauvris).
la gauche productiviste (parce qu’ils n’ont rien compris à la contrainte écologique) : la décroissance, c’est la décroissance de la valeur-travail (donc, OK pour un revenu inconditionnel couplé à un RMA).
les écologistes d’accompagnement (parce qu’ils croient à la prise préalable du pouvoir) : la décroissance, c’est la décroissance du pouvoir (donc OK pour mandat unique, non-renouvelable, tirage au sort, bilan d’étapes… + services publics re-territorialisés par des régies territoriales de l’eau, de l’éducation, de l’énergie, des transports…).
les décroissants de la simplicité volontaire (parce qu’ils ne sont que la variante baba-coolisée de l’individualisme généralisé) : la décroissance, c’est la décroissance de la dépolitisation.

Peut-on faire une différence nette entre objecteur de croissance (OC) et décroissant ?

l’objecteur de croissance veut arrêter le train de la croissance : il objecte à la poursuite de la croissance
le décroissant (l’image vient de Serge Latouche) s’aperçoit que cela fait bien longtemps que le train est sur la mauvaise voie et que la question n’est pas d’arrêter le train mais bien de le faire revenir à l’aiguillage : toute la difficulté politique, c’est que ce « revenir » ne doit pas être pensé comme un « retour » mais bien comme un « à-venir » : revenir à un seuil ne veut pas dire revenir au monde tel qu’il a existé à ce seuil.
l’aiguillage, c’était le moment où le monde dépasse l’empreinte écologique soutenable (un peu au-dessus de 1 ; ce qui s’est fait autour des années 70)
Cela fait donc 40 ans que nous avons dépassé le point où il suffirait d’objecter à la croissance
Aujourd’hui, le décroissant veut revenir à une empreinte écologique soutenable, il va donc falloir revenir à un seuil soutenable (grosso modo passer d’une empreinte aujourd’hui de plus de 4 pour les pays « enrichis » à une empreinte le plus près possible de 1 ;pour les autres pays, les pays « appauvris », ils pourront encore continuer de croître pour nous rejoindre).
Pour faire vite, on peut parler de « point » d’équilibre mais en réalité il devra s’agir d’un « espace » d’équilibre : c’est évidemment l’espace écologique (le plancher de l’espace écologique répond à la question sociale et le plafond répond à la question écologique : entre les deux, il y a toutes nos réponses à la question « humaine » du sens même de notre présence sur terre ; le tout est discuté démocratiquement = l’espace écologique est un espace de discussions, un « terrain d’entente »).
Le « Sud global » pourrait emprunter un « tunnel de croissance » : 1/ histoire de ne pas répéter notre histoire à nous de croissance 2/ histoire surtout qu’au moment où nous devons défendre une vision buissonnante de notre futur, il s’agit bien évidemment de ne pas continuer à présenter le Nord global comme le modèle à suivre : « à chacun son buisson » d’expérimentations.
Nous, nous devons décroître et eux ils peuvent continuer à croître (Jean Gadrey dans son dernier livre prouve que la croissance jusqu’à un certain point est bénéfique ; nous les « enrichis » cela fait bien longtemps que nous avons atteint ce « point » et que nous l’avons dépassé : alors il va nous falloir dé-croître, dé-produire, dé-consommer.

Bref, si nous vivions en 1970, nous devrions être des OC mais cela fait 40 ans que nous dépassons les limites, les seuils de soutenabilité : il va donc falloir y revenir. La « décroissance », c’est ce retour à la soutenabilité mais un retour politiquement assumé et volontaire et surtout dans un esprit de justice et d’égalité (sinon, un retour sans combattre les inégalités, c’est la « récession » et cela nous n’en voulons pas).

Je ne suis donc pas du tout d’accord avec la distinction de Paul Ariès : pour lui, le décroissant est un « baba cool austère et rigoriste » ; je ne crois pas que cette « catégorisation » soit politiquement pertinente.

Pour moi, c’est l’OC qui est moins cohérent que le décroissant : car si on se contente d’objecter aujourd’hui à la croissance, on maintient les inégalités et les indécences. Car il serait irresponsable de croire que le monde tout entier pourrait vivre comme nous vivons ; pour cela, il faudrait 4 planètes pour l’Humanité ; or, il n’y en a qu’une : la même pour tous. Il va donc bien falloir reculer le train(-train) de notre mode de vie et cette période de transition (revenir d’une empreinte 4 à une empreinte proche de 1); si elle est volontaire, c’est la décroissance.

Exposer et discuter de la décroissance

Exposer :

les raisons de l’objection de croissance (empreinte écologique d’une minorité d’enrichis aux dépens d’une majorité d’appauvris)
la nécessité d’une transition pour passer de notre société de croissance à une société d’a-croissance : si cette transition est volontaire, elle est la « décroissance »
cette décroissance est bien une diminution du PIB (et donc de l’empreinte écologique), elle est donc bien le contraire de la croissance économique et elle signifie bien une diminution du niveau de vie, du pouvoir d’achat, etc.
Cette décroissance est bien la dé-croissance des enrichis (revenir à une empreinte écologique de 1 et un PIB/habitant des années 1970)
Pour les « appauvris » : OK pour une croissance économique (les travaux de Gadrey calculent parfaitement le seuil jusqu’où monter)
Les deux courbes – celle descendante des enrichis et celle ascendante des appauvris – dessinent ainsi une historicité et une internationalisation de nos propositions (je me suis appuyé sur la notion de « dette écologique »).

Mettre en avant dans une discussion

la nécessité d’avoir une approche systémique et non systématique : le monde d’aujourd’hui est faux, laid et absurde ; nous rêvons de sens et de beauté…
la facilité que la relocalisation permet dans la compréhension et donc la maîtrise de nos vies
l’impossibilité de savoir à l’avance le monde idéal et la nécessité d’une vision contingente et buissonnante de l’avenir
la nécessité d’expérimenter : parce que nos alternatives concrètes prouvent que d’autres mondes sont possibles
la peur de rester enfermés dans le « quant-à-soi » et les « communautés terribles » et pour cela il faut « ouvrir » nos « utopistes » : 1/ au travail du projet (oui, oui, faire de la « théorie ») et 2/ à la présence aux élections (confrontation avec les électeurs et avec les autres organisations politiques)
la nécessité de ne pas se cantonner à des revendications de rupture mais de faire aussi des propositions de transition,par exemple :
gratuité des 1ers m3 d’eau, de la santé, des énergies de base, du logement…
plutôt que de demander immédiatement un revenu inconditionnel, passer par la revendication d’une retraite de montant unique
plutôt que de demander immédiatement la suppression de la voiture, imposer une garantie « pièces et main-d’oeuvre » de 15 ans…
articuler notre demande d’une décision immédiate de sortie la plus rapide possible des nucléaires avec une transition énergétique, avec une maîtrise relocalisée des énergies (celle qui pose d’abord la question des besoins de consommation)..
demander un revenu maximum acceptable…
toutes ces propositions devraient être systématiquement mises en avant dans nos « visibilités » politiques = des mesures programmatiques…

1Août/12Off

José, reviens !


PLUS DE 1 000 KILOMETRES A VELO POUR DEPOSER LA PETITION POUR DEMANDER A JOSE BOVE DE REDEVENIR UN REBELLE

Réponse de José Bové par SMS le mercredi 18 juillet 2012 : « Désolé, je vous aurais accueilli avec plaisir mais il n'y plus de session au parlement. Amicalement, José ».

Le mercredi 17 juillet 2012, le peloton de cyclistes venu du célèbre MacDonald de Millau démonté par José Bové s’est présenté devant le Parlement de Strasbourg pour remettre au député européen Europe Ecologie-Les Verts la pétition « José reviens ! ». Les objecteurs de croissance ont parcouru plus de mille kilomètres à travers la France pour déposer plus de 1 300 signatures et près de 500 messages de soutien à cette action. L’arrivée a été l’occasion de reprendre l’hymne « José reviens ! » devant le Parlement (texte ci-dessous). Pendant ce temps, la représentante d’Europe Ecologie-Les Verts admirait l’aviation de chasse française à la tribune présidentielle lors du défilé du 14 juillet.

Les cyclistes ont découvert pour l’occasion que le Parlement européen ne possédait pas de boite aux lettres ! Gardé par des vigiles d’une entreprise privée, il est en effet impossible d’y déposer un courrier. Significatif des institutions européennes que José Bové dénonçait justement avant de rejoindre le VRP du capitalisme vert Daniel Cohn-Bendit. Il faudra donc attendre la rentrée parlementaire pour qu’un sympathisant strasbourgeois puisse remettre la pétition au bureau de José Bové. Dix ans plus tôt, José Bové était aux côtés des objecteurs de croissance qui le soutenaient lors de ses procès. José reviens !

Merci à tout ceux qui ont pédalé pour tous les signataires : Jean-Yves et Catherine du Dévoluy, Henri et Roselyne de Bordeaux, Bruno de Saint-Etienne, Aude, Laetitia, Catherine, Antoine, Joël, Serge, Rémi, Vincent de Lyon, Daniel, Marine, Arthur de Strasbourg, Matthieu de Châtillon-en-Diois. Merci à ceux qui nous ont accueilli notamment à Maurice et Marie-Jo de la Confédération paysanne à Arbois, Yann et sa compagne de Montbéliard, Didier de Bergerac. Merci à Thomas pour l’organisation.

http://www.josereviens.org/

 

20Mai/12Off

Ecotopia Bike Tour 2012

Cette année le Bike tour va traverser le sud de l’Europe, le projet étant accueilli par Recherche et Décroissance. Le thème de cette année sera « vers la décroissance » – Mettre au défi la mentalité de croissance destructrice du capitalisme qui prédomine de nos jours et à la recherche de vraies valeurs sociales et environnementales.

Cette année, le BikeTour passera en France par Narbonne, Montpellier, Avignon, Marseille et Gap.

João et Alice, nos coordonnateurs internationaux, viennent d’arriver à Barcelone et se mettent déjà à l’oeuvre.

Plus d’info disponible sur notre wiki!

Pour s’engager ou en découvrir plus, merci de nous contacter à info@ecotopiabiketour.net

Nous sommes une communauté eco-mobile, militante et basée sur les principes « fais-toi-même » (do it yourself), qui se rassemble toutes les étés depuis déjà 20 ans. Nous désirons apprendre des uns les autres et avec des communautés locales que l’on visite, et soutenir leurs campagnes de façon créative. On transporte toutes nos affaires sur les vélos et remorques et toutes les décisions de groupe sont prises en consensus. C’est alors un projet pour tout le monde qui veut faire partie d’une communauté et de voyager sans moteurs. Exactement le contraire d’un vol à la plage tous frais payés.

http://www.ecotopiabiketour.net/fr/

16Mai/12Off

La yourte des Château

A écouter : Le 16.05.2012 à 13:30 sur France Culture

Après trois ans de vie en yourtes sur un terrain dans le Vaucluse, la famille Château est expulsée et doit déplacer son exploitation agricole. Retour sur cette expérience de vie différente.

Les Pieds sur Terre (France Culture)
Reportage : Olivier Minot
Réalisation : Alexandra Malka

http://www.franceculture.fr/emission-les-pieds-sur-terre-la-yourte-des-chateau-2012-05-16

16Mai/12Off

Pic de pétrole et décroissance

Conférence d’Yves Cochet pour le Collectif Parisien pour la Décroissance, Paris, le 22 mai 2008.

Les prix du pétrole flambent. Pourquoi ?
Les explications courantes ne suffisent plus.

 

 

 

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16Mai/12Off

Journée pour la liberté de l’élevage, et la biodiversité

Vendredi 18 mai à Reillanne : journée pour la liberté de l’élevage, et la biodiversité

http://contrelepucage.free.fr/spip.php?article29
http://eleveurssolidairespaca.blogspot.fr/

9H30 / 12H30 STANDS DISCUSSIONS

Bourse aux graines avec "Kokopelli" et "Longo Maï"
Discussion avec le collectif 04 contre le Livret Personnel de Compétences
Le collectif pour la liberté de l'élevage (présentation, actualité...)
Terre de lien (foncière pour la préservation des terres agricoles.)

11H DEBAT OUVERT et PLATEAU RADIO
Par radio zinzine et les intervenants présents

11H30 LE BAR BALLADEUR
Spectacle proposé à l'heure de l'apéro par la Cie TOUT SAMBA'L
tout public / Gratuit
12h30 REPAS PAYSAN
en soutient aux éleveurs
prix libre

14H30 PROJECTION en avant première du film " MOUTON 2.0 - la puce a l'oreille"
Film d'Antoine Costa et Florian Pourchi / Synaps production / 78 minutes / Au chapeau
Depuis peu une nouvelle obligation oblige les éleveurs ovins et caprins à puçer électroniquement leurs bêtes. Derrière la puce RFID, ses ordinateurs et ses machines il y a tout un monde qui se meurt, celui de la paysannerie.
site du film : http://www.mouton-lefilm.fr/ 

21H CONCERT : IOANES TRIO + CABADZI

Ioanes trio et Cabadzi soutiennent la cause en musique pour clôturer cette journée.

7Mar/12Off

La Dotation Inconditionnelle d’Autonomie (DIA), proposition centrale de l’objection de croissance

La Dotation Inconditionnelle d’Autonomie (DIA) est la proposition centrale du texte commun des objecteurs de croissance du MOC et du PPLD qui appelle à porter la décroissance aux législatives 2012. Cet appel pour une écologie sociale, anti-productiviste et anti-capitaliste est soutenu par Paul Ariès.

8. La Dotation Inconditionnelle d’Autonomie (DIA) from Décroissance - Degrowth on Vimeo.

Je me réjouis de l’accord national conclu entre les deux mouvements politiques de la décroissance (Le MOC et le PPLD) qui défendent une décroissance résolument anticapitaliste et antiproductiviste, une décroissance qui n’est ni sectaire ni punitive, une décroissance émancipatrice. Les électrices et les électeurs avaient besoin de la clarté de cet accord pour faire échec à la propagande de nos adversaires qui soit réclament « toujours plus » de croissance, comme si la Terre pouvait encore le supporter, comme si leur croissance n’entretenait pas les inégalités sociales, soit imposent ou banalisent la récession, comme si le « toujours moins » n’était pas simplement l’autre face du même système, comme si la décroissance se devait d’applaudir à l’austérité ou se réjouir de l’augmentation du prix du pétrole ou des denrées alimentaires, cause de tant de souffrances.

La décroissance que nous aimons n’est pas de faire la même chose en moins, nous n’appelons pas les gens à se serrer la ceinture (un peu, beaucoup, etc.), mais à changer radicalement de mode de vie. Notre société est DEJA bien assez riche pour garantir à chacun de quoi vivre dignement. C’est pourquoi, la décroissance revendique une réduction drastique du temps de travail, c’est pourquoi elle milite pour une dotation individuelle d’autonomie (revenu garanti) couplée à un revenu maximal autorisé, c’est pourquoi elle prône la gratuité de tout ce qui est indispensable à la vraie vie.

Nous savons que rien ne sera possible sans une mobilisation de TOUTES et de TOUS à la fois dans les lieux de vie et dans les entreprises, car c’est nous qui devons choisir que produire, comment et pour qui.

Je me réjouis de cet accord national car il donne un cadre pour l’ensemble des candidats et des candidates de la décroissance, parce qu’il permet d’avancer vers la lisibilité de notre mouvance. J’avoue comprendre les OC qui refusent le jeu électoral ou feront électoralement d’autres choix. Je demande, en revanche, aux électrices et aux électeurs qui souhaitent voter en faveur de la décroissance, lors des prochaines élections législatives, de soutenir les seuls candidates et candidats dont les propositions rejoignent celles de cet accord national (relocalisation avec création de monnaies locales, réduction du temps de travail, DIA, gratuité des services publics, etc.).

J’appelle les candidates et les candidats Objectrices et Objecteurs de croissance à se référer à cet accord national du MOC et du PPLD même lorsqu’elles/ils ne sont pas membres de ces deux mouvements.

J’appelle aussi les électrices et les électeurs à soutenir les candidats des gauches qui portent le mieux ces revendications. C’est la seule solution pour faire gagner la décroissance, c’est la seule solution pour avancer vers un socialisme de la décroissance, vers un éco-socialisme, vers un socialisme gourmand.

Paul Ariès

Auteur du socialisme gourmand (La découverte, mars 2012)

Rédacteur en chef du journal le sarkophage et les Z’indigné (e )s

2Déc/11Off

En-transition 1.0 Transition Town

Le film « In transition » , « en Transition », est le premier film sur le mouvement Transition, fait par des gens, qui connaissent le mieux ce mouvement : ceux qui le mettent en pratique depuis longtemps. Transition est une possibilité, un moteur pour donner une réponse au pic-pétrolier et au changement climatique partout dans le monde. Il agit, reconstruit l’économie locale, avec créativité, imagination, humour, dans un esprit solidaire et retisse les liens sociaux dans les communes. C’est positif, dirigé sur des solutions, des actions viables, simples et efficaces, agréables et durables. Le film (en anglais sous-titré en français) explique la notion de pic pétrolier et montre des exemples d’initiatives réalisés dans le monde: jardins familiales, (ré)plantations des vergers, énergie renouvelable, argent local, voitures électriques de location, ateliers ludiques de recyclage, restaurants utilisant des produits locaux, etc.
[iframe http://player.vimeo.com/video/21598658?title=0&byline=0&portrait=0 800 454]

En-Transition 1.0 with French voice-over from Transition Towns on Vimeo

 

A ce moment on attend la version Transition 2.0

 

26Mai/11Off

La Ferme du collet

http://www.ouvertour.org/lieux-visites/ferme-numero-1

A La Penne, en plein cœur de la montagne de l'arrière pays niçois, la ferme du Collet expérimente l'autonomie vivrière et économique en agro-écologie et la vie en harmonie avec la nature. Depuis sept ans déjà, ses résidents y développent de nombreuses alternatives en s'appuyant sur le concept de la permaculture ou « culture du permanent ». Le partage de deux semaines de vie avec les familles présentes sur le lieu a été pour nous l'occasion de mieux appréhender les facettes de ce projet, nous enrichir de leur expérience et découvrir des pratiques écologiques originales.

Mais alors qui sont exactement les habitants de ce lieu collectif ?

A l'initiative du projet, deux couples et une retraitée dynamique aux histoires bien différentes :

La famille Arias:
Après 12 ans de vie en communauté itinérante à travers l'Europe, Diego et Françoise décident de rompre avec les complications liées à la vie à 80 et au déracinement permanent pour se mettre en quête d'un lieu ou s'installer et travailler la terre pour en vivre simplement. Après deux ans dans le Gers ils partent s'installer à la ferme du Collet avec leurs deux enfants (Aorinco et Nadiesca).
La famille Ollivier.
Ayant finit leurs études d'économie et d'architecture à Paris, Bertrand et Katia décident de quitter la ville et partent à la recherche d'un éco village dans un souci d'assurer à leurs enfants (Léon et Olga) une éducation la plus écologique possible. Ils s'installent un moment dans le hameau de Boussac, éco-hameau du Lot et Garonne, mais déçu de la baisse de dynamique collective du lieu, ils cherchent assez rapidement à créer leur propre lieu de vie.
Marie-Thérèse Desbuissons.
A bientôt 70 ans, Marie-Thérèse est la dernière venue à la ferme du Collet (2006). Après une vie d'agricultrice maraîchère dans le nord de la France et dix ans d'activité salariée sur la cote d'azur, elle souhaitait retrouver la terre et les valeurs qui y sont liées.

Quelles volontés et quelles valeurs les réunissent ?

Le désir premier de ces trois foyers est de se donner les moyens d'accéder au bonheur et à l'épanouissement par la satisfaction des seuls besoins fondamentaux, et ce, en harmonie avec la nature.

Pour atteindre cet objectif, s'associer avec d'autres familles dans un esprit de solidarité, d'entre-aide, d'échange et de construction mutuelle est pour chaque foyer un élément essentiel. Collectivement ils souhaitent réapprendre les multiples savoir-faire de l'auto-subsistance dans un esprit de simplicité volontaire et d'écologie pratique.

Au-delà d'un accomplissement personnel ce projet est pour chacun un acte politique de militantisme. Mettant directement en pratique leurs convictions écologiques, ils veulent démontrer la viabilité d'un retour rural par une économie paysanne pluri-active et innovante et promouvoir de nouveaux comportements et modes de vie.

Ils espèrent ainsi pouvoir contribuer à une progression de la société vers un équilibre entre la nature, la technique et les êtres vivants.

Suite de l'article : http://www.ouvertour.org/lieux-visites/ferme-numero-1