R.O.C. 06
23Oct/12Off

Notre décroissance n’est pas de droite

[Ouvrage collectif coordonné par Michel Lepesant, paru en septembre 2012 chez Golias]

Si « être de gauche », c’est comprendre, faire et agir « du point de vue des dominés », nous voyons mal – sauf à nier la réalité des dominations ou à bâcler leur dépassement – comment la décroissance dans son opposition à la croissance des aliénations, des exploitations et des humiliations peut éviter de « choisir son camp ».

« Indignation », « transition », « désobéissance », « sécession », des cris s’entendent pour tenter de bousculer une démocratie anesthésiée. A la croisée, en ligne de mire ou en filigrane, la « décroissance » doit maintenant prendre toutes ses responsabilités politiques : celui de rappeler que « notre décroissance n’est pas de droite ».

Dans les « utopies concrètes », les alternatives, les eSpérimentations sociales, et cela dans tous les domaines de la « vie bonne » : alimentation, santé, logement, éducation, culture, transport, monnaie… Dans la visibilité de la vie politique classique – élections, pétitions, manifestations, convergences – sans jamais se départir d’un bénéfique scepticisme vis à vis du « spectacle » politique comme de la « brigue » du pouvoir. Et aussi dans le « travail du projet » : car il s’agit de rêver, de se projeter, de viser une cohérence.

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Présentation. Par Michel Lepesant

Préface : Une décroissance ni de droite ni bigote. Par Paul Ariès

Territoires de la décroissance, terroir de l’extrême-droite : quelle frontière ? Par Thierry Brulavoine

Au juste milieu des universels. Par Alain Dordé et Michel Lepesant

Qui récupère qui ? Entrevue avec Serge Latouche, par Bernard Legros

L’école de la décroissance en gestation. Par Bernard Legros

La décroissance en tant que considération intempestive. Par Michel Lepesant

Que faut-il conserver ? Par Maïta et Pierre Lucot

Pour une société avec Etat, contre Etat ou sans Etat ? Par Sylvie Maréchal

Revenu d’existence ou revenu d’existence ? Par Baptiste Mylondo

La technique et l’extrême droite. Par Jean-Luc Pasquinet

Localisme et relocalisation. Par Martine Tiravy

La nature comme fondement d’une nouvelle interrogation éthique. Par Jérôme Vautrin

Le rapport des Limites à la croissance : un catastrophisme au service des riches ? Par Elodie Vieille Blanchard

Deux critiques de la démocratie. Par Annie Vital

7Mar/12Off

La Dotation Inconditionnelle d’Autonomie (DIA), proposition centrale de l’objection de croissance

La Dotation Inconditionnelle d’Autonomie (DIA) est la proposition centrale du texte commun des objecteurs de croissance du MOC et du PPLD qui appelle à porter la décroissance aux législatives 2012. Cet appel pour une écologie sociale, anti-productiviste et anti-capitaliste est soutenu par Paul Ariès.

8. La Dotation Inconditionnelle d’Autonomie (DIA) from Décroissance - Degrowth on Vimeo.

Je me réjouis de l’accord national conclu entre les deux mouvements politiques de la décroissance (Le MOC et le PPLD) qui défendent une décroissance résolument anticapitaliste et antiproductiviste, une décroissance qui n’est ni sectaire ni punitive, une décroissance émancipatrice. Les électrices et les électeurs avaient besoin de la clarté de cet accord pour faire échec à la propagande de nos adversaires qui soit réclament « toujours plus » de croissance, comme si la Terre pouvait encore le supporter, comme si leur croissance n’entretenait pas les inégalités sociales, soit imposent ou banalisent la récession, comme si le « toujours moins » n’était pas simplement l’autre face du même système, comme si la décroissance se devait d’applaudir à l’austérité ou se réjouir de l’augmentation du prix du pétrole ou des denrées alimentaires, cause de tant de souffrances.

La décroissance que nous aimons n’est pas de faire la même chose en moins, nous n’appelons pas les gens à se serrer la ceinture (un peu, beaucoup, etc.), mais à changer radicalement de mode de vie. Notre société est DEJA bien assez riche pour garantir à chacun de quoi vivre dignement. C’est pourquoi, la décroissance revendique une réduction drastique du temps de travail, c’est pourquoi elle milite pour une dotation individuelle d’autonomie (revenu garanti) couplée à un revenu maximal autorisé, c’est pourquoi elle prône la gratuité de tout ce qui est indispensable à la vraie vie.

Nous savons que rien ne sera possible sans une mobilisation de TOUTES et de TOUS à la fois dans les lieux de vie et dans les entreprises, car c’est nous qui devons choisir que produire, comment et pour qui.

Je me réjouis de cet accord national car il donne un cadre pour l’ensemble des candidats et des candidates de la décroissance, parce qu’il permet d’avancer vers la lisibilité de notre mouvance. J’avoue comprendre les OC qui refusent le jeu électoral ou feront électoralement d’autres choix. Je demande, en revanche, aux électrices et aux électeurs qui souhaitent voter en faveur de la décroissance, lors des prochaines élections législatives, de soutenir les seuls candidates et candidats dont les propositions rejoignent celles de cet accord national (relocalisation avec création de monnaies locales, réduction du temps de travail, DIA, gratuité des services publics, etc.).

J’appelle les candidates et les candidats Objectrices et Objecteurs de croissance à se référer à cet accord national du MOC et du PPLD même lorsqu’elles/ils ne sont pas membres de ces deux mouvements.

J’appelle aussi les électrices et les électeurs à soutenir les candidats des gauches qui portent le mieux ces revendications. C’est la seule solution pour faire gagner la décroissance, c’est la seule solution pour avancer vers un socialisme de la décroissance, vers un éco-socialisme, vers un socialisme gourmand.

Paul Ariès

Auteur du socialisme gourmand (La découverte, mars 2012)

Rédacteur en chef du journal le sarkophage et les Z’indigné (e )s

20Déc/11Off

La ROUE, monnaie locale du Vaucluse.

Le ROC06 salue l'initiative de "La roue" d'Avignon et du Vaucluse, monnaie locale alternative spéciale "crise", de François Delay et Thierry Cottet. A Toulouse en 2008 la création du SOL-Violette, une monnaie complémentaire comme outil pour une démarche globale fut créée, et ils ont réalisé une vidéo assez complète sur leur expérience.

L'article publié le samedi 12 novembre 2011 (http://www.laprovence.com/article/economie-a-la-une/le-vaucluse-sort-de-leuro), montre que les monnaies locales sont pas bien comprises et méconnues, la monnaie locale n'est pas née en 2000 en Argentine.  Elle est née (ou ressuscité)  suite à l'expérience de Wörgl qui fut conduite de Juillet 1932 à Novembre 1933 comme un exemple classique montrant l'efficacité potentielle des monnaies locales. Wörgl est une petite ville d'Autriche de 4 000 habitants qui introduisit un système de bon local durant la Grande Dépression.

En 1932, la taux de chômage à Wörgl avait augmenté de 30%. Le gouvernement local avait accumulé des dettes d'une montant d'1.3 million de schillings autrichiens (ATS) alors que les réserves en liquidité correspondaient à 40 000 ATS. La construction locale et l'entretien municipal étaient au point mort.

A l'initiative du maire de la ville, Michael Unterguggenberger, le gouvernement local imprima 32 000 bons-travail portant un taux d'intérêt négatif de 1% par mois (monnaie fondante), et pouvant être convertis en schillings pour 98% de leur valeur faciale. Un montant équivalent en schilling était déposé à la banque locale pour couvrir les bons en cas de rachat en masse et de réclamation des intérêts par le gouvernement. Les bons circulèrent si rapidement, que seuls 12 000 d'entre eux furent en fait mis en circulation. Selon les rapports du maire et d'économistes d'alors qui étudièrent cette expérience, le système de bons fut facilement accepté par des marchands locaux et la population locale. Les bons permirent de réaliser pour 100 000 ATS de projets de travaux publics incluant la construction et la réparation de routes, de ponts, de réservoirs, de systèmes de drainage, d'usines et de bâtiments. Le bon eut également cours légal pour le paiement des taxes locales. Pendant l'année où la monnaie fut en circulation, elle circula 13 fois plus vite que le shilling officiel[réf. souhaitée] et servit de catalyseur à l'économie locale. Les lourds arriérés en impôts locaux se réduisirent de façon significative. Les recettes du gouvernement local s'élevèrent de 2 400 ATS en 1931, à 20 400 en 1932. Le chomâge fut éliminé, alors qu'il demeura très élevé dans le reste du pays. Aucune hausse des prix ne fut observée. S'appuyant sur le succès significatif de l'expérience de Wörgl, plusieurs autres communautés introduisirent des systèmes de bons similaires.

En dépit des bénéfices tangibles du programme, il se heurta à l'opposition du parti socialiste régional, et à l'opposition de la banque centrale autrichienne, qui y vit une violation de ses pouvoirs sur la monnaie. Il en résulta une suspension du programme, le chômage se développa à nouveau, et l'économie locale dégénéra bientôt au niveau d'autres communautés du pays.

Parmi d'autres documents historiques bien documentés, l'on trouve :
Le système de monnaie de Joshua Norton
Les certificats de prospérité
Wara (Allemagne, rendu illégal en octobre 1931)
les bons d'achats de la commune libre de Lignières (Cher)