R.O.C. 06
21Fév/11Off

De la surconsommation vers la décroissance

Commençons par une présentation générale en quelques chiffres sur la première des consommations indispensable à la vie : la consommation alimentaire.

  • Sur 100 personnes qui ont faim, 80 sont des ruraux et 20 vivent en ville.
    La Terre compte 6,5 milliards d’habitants. Elle peut en nourrir 12 milliards.
  • Chaque jour, 17 000 enfants de moins de 5 ans meurent de maladies liées à la malnutrition.
  • En 40 ans, le cours du riz a chuté de 40 %.
  • Plus de 2,5 millions de français ont recours à l’aide alimentaire.
  • le nombre de personnes souffrant de la faim dans le monde en 2010, est de 925 millions d'individus selon l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO).

Si nous pouvons nourrir 12 milliards de gens, que nous sommes 6,5 milliards et que 925 millions souffrent de la faim, qui mange l'excédant? La surconsommation. Si 17000 enfants de moins de 5 ans meurent de maladies liées à la malnutrition chaque jour, la surconsommation est la nouvelle arme du plus grand crime contre l'humanité tuant 6 millions d'enfant chaque année. Hormis le grand malheur provoqué par notre surconsommation de denrée alimentaire, qu'est la mort dut à la faim de personne dormant sous nos ponts, ou à 3 000km, le plus absurde avec la surconsommation c'est qu'elle condamne notre santé et la santé de notre planète. D’après Louis-Gilles Francoeur journaliste spécialisé en environnement au quotidien Le Devoir : « Soixante pour cent des écosystèmes dont nous dépendons sont en déclin ou en état de stress extrême : nous vivons dans un système de développement économique pas très endurable ».

La santé de la planète et directement impactée par le système de croissance économique et la consommation de masse qu'il met en place et encourage. La consommation et à fortiori la surconsommation est responsable du changement climatique, du dépérissement de la biodiversité, de la faim dans le monde, des tensions inter-communautaires, et de tant d'autres maux, et au bout du bout de tout : du déclin de nous et de tous ce à quoi nous sommes attachés.

Louis-Gilles Francoeur renchéri  par : « On évalue que 75 % des stocks de poissons dans le monde sont exploités au maximum, tandis que la capacité de pêche dépasse de 250 % le potentiel des mers ». Même le plus riche et le plus grand écosystème, berceau de la vie, que l'on croyais inébranlable il y à 20 ans, subit le choc de notre surconsommation. « Les terres cultivées exigent déjà près de 80 % des prélèvements d’eau effectués par les humains sur la planète et, d’ici 2050, cette proportion sera de 90 %. » ce qui accélèrera les pénuries en eau potable.

Dix ans pour agir,dès maintenant gérer la décroissance.

Louis-Gilles Francoeur avance que l’humanité a dix ans pour agir. « Après, on atteindra le seuil d’irréversibilité, où les phénomènes de réchauffement vont s’entretenir et s’engendrer par eux-mêmes, au-delà de tout contrôle possible par les humains. »

Le réchauffement climatique est déjà responsable de l’extinction de certaines espèces animales et végétales, et le rythme pourrait s’accentuer. « Toute extinction prive les humains d’un capital génétique essentiel pour la pharmacologie, la médecine, les biotechnologies et notre alimentation », fait remarquer M. Francoeur.

Selon lui, il faudrait s’attaquer dès maintenant à gérer la décroissance. « C’est un sujet tabou chez les économistes, mais nous devons le faire globalement et rapidement; sinon, nous subirons un appauvrissement collectif qui nous mènera aux points de rupture », avertit-il. L'inconscience collective sait qu'il y aura un point de non retour, et nous jouons encore avec la date, demain, dans 10 ans, 50 ans, pour ce mettre en marche. Personne ne pourra dire la date du point de non retour, mais nous jouons la montre en nous lovant dans l'abondance précaire. Imaginons que la date était hier, que ferons nous? Irons nous droit dans le mur en profitant au maximum, ou essaierons nous de tout faire pour en réchapper? La problématique pour mettre en route le mouvement vers la décroissance, c'est la prise de conscience, l'information, les solutions alternatives.

La simplicité volontaire : la solution?

C’est ce que croit aussi Louis Chauvin, professeur de la gestion d’éthique à l’Université McGill et adepte de la simplicité volontaire.

« Être durable, c’est vivre sur les intérêts et préserver son capital : dans le cas présent, notre capital, c’est la Terre et nous l’avons déjà pas mal amputé », a-t-il lancé.

Selon lui, le système économique dominant ne tient pas compte du passif qui résulte de la surconsommation. « Notre actif premier, la planète, se détériore et, ironiquement, le ralentissement actuel de la consommation représente une bonne nouvelle! »

Membre du conseil d’administration du Réseau québécois pour la simplicité volontaire, Louis Chauvin convient que l’idée de consommer moins n’est pas – encore – très populaire.

C’est parce qu’on associerait - à tort - consommation et bonheur. Selon lui, le bonheur est un état d’esprit qui vient de l’intérieur et requiert une introspection, tandis que le plaisir vient de l’extérieur et fonctionne selon les mêmes principes que la dépendance aux drogues.

« Ça en prend toujours plus et on n’est jamais rassasié, conclut-il. La simplicité volontaire vient mettre un frein au tapis hédonique sur lequel on fait du surplace. »

Source : rapport à l'ONU de Jean Ziegler, Martin LaSalle – PasseportSanté.net