S!lence – Ça marche !
388 - À paraître en Mars
La marche, c’est le pied !
Toutes les petites et les grandes facilités de la vie quotidienne – véhicules, réseaux, marchandises, robinets, interrupteurs… – me "libèrent" du temps et de l’espace. Mais, dans le même temps, inconsciemment, elles me poussent vers la vitesse et m’entraînent de plus en plus loin de moi. Les deux pieds sur terre, en marchant, je peux alors retrouver un peu du sens de la vie, du sens de ma vie.
Car marcher a toujours un (des ?) sens – même si l’un de ces sens ne serait que d’aller d’un point à un autre. Et je marche aussi, in fine, pour mieux (me) comprendre, pour ne pas perdre pied.
Marcher, c’est encore et surtout retrouver les rythmes naturels – animal, social… – de mon corps, c’est (re-) trouver ma "nature" profonde.
Et marcher, c’est gratuit et à la portée de tou-te-s.
Ce dossier de Silence explore différents aspects de cet acte, vieux comme l’humain et l’humanité : la marche dans la nature comme "détente-santé", la marche comme action militante ou politique, la marche comme recherche personnelle et relationnelle, la marche en ville… – lesquels aspects s’entremêlent le plus souvent.
Car l’intérêt de la marche n’est finalement pas tant le but que le chemin(ement) lui-même.
Bonne déambulation dans ce dossier !
Jean-Pierre Lepri
Prométhée réenchaîné [Bernard Charbonneau]
Depuis que ce livre fut écrit vers 1960-1970, les temps ont une fois de plus changé. Le mur qui séparait notre monde en deux hémisphères Est-Ouest s’est écroulé. Et la révolte semble maintenant avoir perdu l’espoir de la. révolution qui ferait triompher toute la liberté, pour tous, sur Terre. Prométhée perdrait-il ses illusions ? Ne serait-il pas quelque part entre mer Noire et Caspienne de Caucase, où Zeus l’aurait hier enchaîné ? Prométhée se retrouve non pas libre mais seul sur Terre, où, pour tuer le temps, "il trafique et bricole atomes et gènes". Et faute de mieux, hanté par son vieux mythe, il se fabrique un Caucase de carton-pâte sur lequel il se hisse, lance ses pétards et gesticule pour s’épater lui-même. Zeus n’est plus à Rome ni à Moscou. Il s’est absenté, bien au-delà de notre banlieue galactique, derrière la courbure de l’univers, au-delà du temps et du big-bang originel... Rien d’autre qu’une scène au décor peint où Prométhée vainement s’agite. Rien d’autre qu’un ciel vide où, à des milliards d’années-lumière, brillent des atomes chimiques... Rien... que du fer, du silicium... Nul sens, les innombrables et invisibles tentacules d’une nécessité ou d’un hasard innommables, dont la conscience se révèle captive de toutes parts. Rien de vrai, donc de faux ; seulement des chaînes. Le bloc d’un néant où la liberté est pétrifiée. Seulement le fait, dénombré, quantifié : la science... Même plus de vautour... Zeus s’est absenté, reste sa foudre.
Objectif décroissance
La crise écologique est avant tout le révélateur de l’impasse politique, culturelle, philosophique et spirituelle dans laquelle s’enfonce notre civilisation. La guerre que livrent nos sociétés « modernes » à la Terre est le reflet de la guerre que livre l’humain des pays riches à sa conscience. Conditionné par l’idéologie de consommation, prisonnier d’une foi aveugle en la science, notre monde cherche une réponse qui ne contrarierait pas son désir exponentiel d’objets et de services, tout en ayant bonne conscience. Le concept éthique de « développement durable » a répondu à point à cette attente. Ce terme doit désormais rejoindre sa place, c’est-à-dire le rayon des tartes à la crème. Chaque fois que nous apportons une réponse inadaptée à un problème, nous l’amplifions globalement, même si nous avons l’illusion de le soulager sur l’instant. Si les solutions techniques sont importantes, notre devoir est de les conditionner à nos choix démocratiques. La décroissance soutenable et conviviale ne permet pas de tricher. Elle nous impose de regarder la réalité en face, et d’exister dans toutes nos dimensions pour avoir la capacité d’affronter le réel et de traiter les problèmes. Face aux discours mortifères de marchandisation du monde, de bestialisation de nos existences et de soumission aux idéologies dominantes, notre planète nous renvoie continuellement à une réflexion sur notre condition humaine.
Paul Ariès • Michel Bernard • Mauro Bonaïuti • Marie-Andrée Brémond • Denis Cheynet • Vincent Cheynet • Bruno Clémentin • Georges Didier • Fabrice Flipo • Bernard Ginisty • Jacques Grinevald • Willem Hoogendijk • Serge Latouche • Philippe Lempp • Michel Lulek • Serge Mongeau • Helena Norberg-Hodge • Madeleine Nutchey • Michel Ots • Sylviane Poulenard • Pierre Rabhi • Sabine Rabourdin • François de Ravignan • François Schneider • François Terris •
De la surconsommation vers la décroissance
Commençons par une présentation générale en quelques chiffres sur la première des consommations indispensable à la vie : la consommation alimentaire.
- Sur 100 personnes qui ont faim, 80 sont des ruraux et 20 vivent en ville.
La Terre compte 6,5 milliards d’habitants. Elle peut en nourrir 12 milliards. - Chaque jour, 17 000 enfants de moins de 5 ans meurent de maladies liées à la malnutrition.
- En 40 ans, le cours du riz a chuté de 40 %.
- Plus de 2,5 millions de français ont recours à l’aide alimentaire.
- le nombre de personnes souffrant de la faim dans le monde en 2010, est de 925 millions d'individus selon l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO).
Si nous pouvons nourrir 12 milliards de gens, que nous sommes 6,5 milliards et que 925 millions souffrent de la faim, qui mange l'excédant? La surconsommation. Si 17000 enfants de moins de 5 ans meurent de maladies liées à la malnutrition chaque jour, la surconsommation est la nouvelle arme du plus grand crime contre l'humanité tuant 6 millions d'enfant chaque année. Hormis le grand malheur provoqué par notre surconsommation de denrée alimentaire, qu'est la mort dut à la faim de personne dormant sous nos ponts, ou à 3 000km, le plus absurde avec la surconsommation c'est qu'elle condamne notre santé et la santé de notre planète. D’après Louis-Gilles Francoeur journaliste spécialisé en environnement au quotidien Le Devoir : « Soixante pour cent des écosystèmes dont nous dépendons sont en déclin ou en état de stress extrême : nous vivons dans un système de développement économique pas très endurable ».
La santé de la planète et directement impactée par le système de croissance économique et la consommation de masse qu'il met en place et encourage. La consommation et à fortiori la surconsommation est responsable du changement climatique, du dépérissement de la biodiversité, de la faim dans le monde, des tensions inter-communautaires, et de tant d'autres maux, et au bout du bout de tout : du déclin de nous et de tous ce à quoi nous sommes attachés.
Louis-Gilles Francoeur renchéri par : « On évalue que 75 % des stocks de poissons dans le monde sont exploités au maximum, tandis que la capacité de pêche dépasse de 250 % le potentiel des mers ». Même le plus riche et le plus grand écosystème, berceau de la vie, que l'on croyais inébranlable il y à 20 ans, subit le choc de notre surconsommation. « Les terres cultivées exigent déjà près de 80 % des prélèvements d’eau effectués par les humains sur la planète et, d’ici 2050, cette proportion sera de 90 %. » ce qui accélèrera les pénuries en eau potable.
Dix ans pour agir,dès maintenant gérer la décroissance.
Louis-Gilles Francoeur avance que l’humanité a dix ans pour agir. « Après, on atteindra le seuil d’irréversibilité, où les phénomènes de réchauffement vont s’entretenir et s’engendrer par eux-mêmes, au-delà de tout contrôle possible par les humains. »
Le réchauffement climatique est déjà responsable de l’extinction de certaines espèces animales et végétales, et le rythme pourrait s’accentuer. « Toute extinction prive les humains d’un capital génétique essentiel pour la pharmacologie, la médecine, les biotechnologies et notre alimentation », fait remarquer M. Francoeur.
Selon lui, il faudrait s’attaquer dès maintenant à gérer la décroissance. « C’est un sujet tabou chez les économistes, mais nous devons le faire globalement et rapidement; sinon, nous subirons un appauvrissement collectif qui nous mènera aux points de rupture », avertit-il. L'inconscience collective sait qu'il y aura un point de non retour, et nous jouons encore avec la date, demain, dans 10 ans, 50 ans, pour ce mettre en marche. Personne ne pourra dire la date du point de non retour, mais nous jouons la montre en nous lovant dans l'abondance précaire. Imaginons que la date était hier, que ferons nous? Irons nous droit dans le mur en profitant au maximum, ou essaierons nous de tout faire pour en réchapper? La problématique pour mettre en route le mouvement vers la décroissance, c'est la prise de conscience, l'information, les solutions alternatives.
La simplicité volontaire : la solution?
C’est ce que croit aussi Louis Chauvin, professeur de la gestion d’éthique à l’Université McGill et adepte de la simplicité volontaire.
« Être durable, c’est vivre sur les intérêts et préserver son capital : dans le cas présent, notre capital, c’est la Terre et nous l’avons déjà pas mal amputé », a-t-il lancé.
Selon lui, le système économique dominant ne tient pas compte du passif qui résulte de la surconsommation. « Notre actif premier, la planète, se détériore et, ironiquement, le ralentissement actuel de la consommation représente une bonne nouvelle! »
Membre du conseil d’administration du Réseau québécois pour la simplicité volontaire, Louis Chauvin convient que l’idée de consommer moins n’est pas – encore – très populaire.
C’est parce qu’on associerait - à tort - consommation et bonheur. Selon lui, le bonheur est un état d’esprit qui vient de l’intérieur et requiert une introspection, tandis que le plaisir vient de l’extérieur et fonctionne selon les mêmes principes que la dépendance aux drogues.
« Ça en prend toujours plus et on n’est jamais rassasié, conclut-il. La simplicité volontaire vient mettre un frein au tapis hédonique sur lequel on fait du surplace. »
Source : rapport à l'ONU de Jean Ziegler, Martin LaSalle – PasseportSanté.net
Bernard Charbonneau
Bernard Charbonneau (né le 28 novembre 1910 à Bordeaux, France - mort le 28 avril 1996) est un penseur et un philosophe français écologiste, auteur d'articles dans La Gueule ouverte, Foi et vie, La République des Pyrénées ainsi que de plusieurs essais.
Né à Bordeaux en 1910, d'un père protestant, pharmarcien dans cette ville et d'une mère catholique issue de la bonne bourgeoisie lot-et-garonnaise, le jeune Bernard Charbonneau se sent vite « enfermé » par la ville.
Après un Baccalauréat de lettres à Bordeaux, au lycée Montaigne, il étudie l’histoire et la géographie à l’Université de Bordeaux jusqu’à l’agrégation qu’il obtient en 1935.
À vingt-quatre ans, titulaire de son premier poste d'enseignant à Bayonne, il commence à créer des « clubs de presse » et des groupes de discussion avec quelques amis, en particulier Jacques Ellul, pour réfléchir à tous les changements qu’entraîne le « progrès » scientifique et technique.
Après la fondation (1932) de la revue Esprit par Emmanuel Mounier, son groupe devient « le groupe personnaliste du Sud-Ouest » et rejoint le mouvement. Mais soucieux de ne pas séparer la réflexion de la vie, il entraîne ses amis et camarades dans des explorations et escapades (Galice, îles Canaries, Pyrénées espagnoles alors sans routes ni cartes) ou en vallée d'Aspe (Bedous) et dans les Pyrénées Atlantiques (Saint-Pé de Léren). Enseigne pendant les années cinquante/soixante à l'Ecole Normale d'Instituteurs de Lescar où il marque les élèves-maîtres de sa forte personnalité, mettant simultanément à profit la proximité de la campagne béarnaise et des Pyrénées pour retrouver le contact avec la nature en menant une vie spartiate à proximité des Gaves de Pau puis d'Oloron.
Vivant à l'écart de l'effervescence idéologique de la guerre et de l'immédiat après guerre, il analyse les sociétés modernes, dénonce la dictature de l'économie et du développement. Pionnier de l'écologie politique, il se méfiait de l'écologie partidaire, il propose cependant de concevoir une forme d'organisation de la société, radicalement différente des attitudes adoptées précédemment et des idéologies du vingtième siècle. Il était amoureux de la nature et humaniste modeste. Épris de liberté, il se méfie du progrès technique, source de toujours plus d'organisation et de moins de liberté.
Il décédera en 1996 d'un cancer du colon ("un comble pour quelqu'un qui aime manger" disait il) à la clinique de Saint-Palais et a été inhumé dans un caveau personnel situé dans sa propriété "Le Boucau" à Saint-Pé de Léren (64).
Marié à Henriette (Louise) Daudin, le couple donna naissance à quatre enfants (Simon, Juliette, Catherine et Martine). Elle s'occupa après sa mort de faire publier ses derniers ouvrages non encore édités, elle est décédée le 27 décembre 2005 et elle a été inhumée auprès de son mari où sur une stèle qu'ils avaient installée, on peut lire la citation modifiée du Livre de Ruth : "où tu iras, j'irai ; où tu demeureras, je demeurai et ton Dieu sera mon Dieu".
Son fils Simon Charbonneau est spécialiste du droit de l'environnement et militant associatif à Bordeaux (Aquitaine Alternatives, ANCER : association nationale pour une chasse écologiquement responsable).
Œuvres
- Directives pour un manifeste personnaliste, 1936
- L’État, ronéotypée, 1949, réédition chez Économica, 1987.
- Teilhard de Chardin, prophète d'un âge totalitaire, 1963
- Le Paradoxe de la culture, 1965
- Célébration du coq, 1966
- Dimanche et lundi, 1966
- Prométhée réenchaîné, Réédité en 2001 aux éditions de La Table Ronde
- L'Hommauto, 1966
- Le Jardin de Babylone, 1969, réédité en 2002 par les éditions de
- l'Encyclopédie des Nuisances
- La Fin du paysage, 1972
- Le Système et le chaos. Critique du développement exponentiel, 1973
- Tristes campagnes, 1973
- Notre table rase, 1974
- Vu d'un finisterre, 1976
- Le plus et le moins, 1978
- Le Feu vert, 1980 (réédition Parangon, 2009)
- Je fus, 1980
- Une seconde nature, 1981
- La propriété c'est l'envol, 1984
- La société médiatisée, 1985
- L'État, 1987
- Le Système et le chaos, 1990
- Nuit et jour, 1991
- Sauver nos régions, 1991
- L'esprit court les rues, 1992
- Les chemins de la liberté, 1994
- Il court, il court le fric..., 1996
- Un Festin pour Tantale, 1997
- Comment ne pas penser, 2004
- Bien aimer sa maman, 2006
- Finis Terrae, éditions A plus d'un titre, 2010
Du développement à la décroissance [Jean-Pierre Tertrais]
En énonçant une série de faits qui ne laissent aucun doute sur la gravité de la situation, ce livre dénonce l'absurdité selon laquelle on pourrait croître indéfiniment et démontre que la décroissance, seule réponse crédible à la situation actuelle, ne pourra pas faire l'économie d'une rupture avec le capitalisme et d'un changement de civilisation.
Un tel livre, qui va à l'essentiel des choses ne manque pas de susciter adhésion ou réprobation. Reste qu'avec le temps, personne n'échappera à ses conclusions.
Survivre au développement [Serge Latouche]
Social, humain, local, durable.... Le développement a récemment revêtu des « habits neufs » qui satisfont les critères des organisations internationales telles que la Banque mondiale et le Fonds monétaire international. Mais la logique économique est restée la même, et le modèle de développement conforme à l'orthodoxie néolibérale.
Or le développementisme repose sur des croyances eschatologiques en une prospérité matérielle possible pour tous ? que l'on sait dommageable et insoutenable pour la planète. Il faut donc remettre en cause les notions de croissance, de pauvreté, de besoins fondamentaux, et déconstruire notre imaginaire économique, ce qui affecte l'occidentalisation et la mondialisation. Certes, il ne s'agit pas de proposer un impossible retour en arrière, mais de penser les formes d'une alternative au développement : notamment la décroissance conviviale et le localisme.
Le pari de la décroissance [Serge Latouche]
Le terme " décroissance " sonne comme un défi ou une provocation, même si nous savons bien qu'une croissance infinie est incompatible avec une planète finie. L'objet de cet ouvrage est de montrer que si un changement radical est une nécessité absolue, le choix volontaire d'une société de décroissance est un pari qui vaut la peine d'être tenté pour éviter un recul brutal et dramatique. Il s'agit donc d'une proposition nécessaire pour rouvrir l'espace de l'inventivité et de la créativité de l'imaginaire bloqué par le totalitarisme économiciste, développementiste et progressiste. Bien évidemment, elle ne vise pas au renversement caricatural qui consisterait à prôner la décroissance pour la décroissance. Celle-ci n'est envisageable que dans une " société de décroissance ", c'est-à-dire dans le cadre d'un système reposant sur une autre logique. Reste le plus difficile : comment construire une société soutenable, y compris au Sud ? Il faut en expliciter les diverses étapes : changer de valeurs et de concepts, changer de structures, relocaliser l'économie et la vie, revoir nos modes d'usage des produits, répondre au défi spécifique des pays du Sud. Enfin, il faut assurer la transition de notre société de croissance à la société de décroissance par les mesures appropriées. La décroissance est un enjeu politique, et il est d'ores et déjà certain qu'elle ne sera pas absente du débat électoral de 2007.
Club de Rome
Le Club de Rome est un groupe de réflexion réunissant des scientifiques, des économistes, des fonctionnaires nationaux et internationaux, ainsi que des industriels de 53 pays, préoccupés des problèmes complexes auxquels doivent faire face toutes les sociétés, tant industrialisées qu'en développement.
Pilotée à sa création par Aurelio Peccei, un Italien membre du conseil d'administration de Fiat, et Alexander King, un scientifique et fonctionnaire écossais, ancien directeur scientifique de l'Organisation de coopération et de développement économiques, il doit son nom au lieu de sa première réunion à Rome, à l'Accademia dei Lincei le 8 avril 1968.
Les notions de développement durable et d'empreinte écologique font du Club de Rome un précurseur. Si, au XXIe siècle, la majorité s'accorde à prendre en compte les problématiques environnementales, d'autres n'acceptent pas ces analyses qui impliquent beaucoup de remises en question. Ils s'en prennent parfois au Club de Rome, à l'origine de ce qu'ils pensent être du catastrophisme.
Son comité exécutif est constitué de treize membres.
Le Club de Rome se fit connaitre mondialement en 1972 par son premier rapport, The Limits to Growth, traduit en français par l'interrogation Halte à la croissance ?. Son interpellation intervint à l'apogée de la période dite des Trente Glorieuses, une période de croissance sans précédent dans les pays qui se qualifiaient eux-mêmes de développés et qui laissait penser que cette croissance était sans limite imaginable. Le concept de croissance zéro, que ce rapport ne préconisait pas, fut néanmoins un des idées fondatrices de l'écologie politique.
En 1993, Aurelio Peccei et Ervin Laszlo ont l'idée de créer le Club de Budapest. Le Club de Rome étant constitué de personnalités de très haut niveau des domaines scientifiques, politiques et des affaires, le but était d'instituer un club annexe pour équilibrer la pensée rationnelle dans ce domaine avec l'aspect intuitif qu'apporte la créativité dans les arts, dans la littérature, et dans la spiritualité, en impliquant quelques uns des esprits les plus connus et les plus créatifs de notre temps.
Le rapport The limits to growth - Halte à la croissance ?
Ce rapport, commandé en 1970 et publié en 1972 par le Club de Rome, fut aussi appelé Rapport Meadows.
Dans ce rapport, quatre ans après la contestation de la société de consommation de 1968 dans les pays d'économie libérale, pour la première fois, les vertus de la croissance sont remises en cause par des chercheurs du Massachusetts Institute of Technology au nom d'une prise de conscience d'une pénurie prévisible des sources énergétiques et des conséquences du développement industriel sur l'environnement.
Les conclusions du rapport annoncent un futur inquiétant pour l'humanité. Beaucoup lui ont reproché à l'époque une certaine exagération dans ses prévisions, même si le rapport ne prévoyait aucun épuisement de ressources, ni aucun événement catastrophique avant 2010 au moins, même dans le scénario le plus défavorable (et il ne s'agissait alors que des prémices de l'effondrement).
Il fut suivi en 1974 d'un deuxième rapport au Club de Rome : « Stratégie pour demain », dont l'approche fut diversifiée et localisée selon dix grandes régions du monde ayant chacune une situation et des problématiques de développement différentes.
Solutions locales pour un désordre global [Coline Serreau]
« Les films d'alertes et catastrophistes ont été tournés, ils ont eu leur utilité, mais maintenant il faut montrer qu'il existe des solutions, faire entendre les réflexions des paysans, des philosophes et économistes qui, tout en expliquant pourquoi notre modèle de société s'est embourbé dans la crise écologique, financière et politique que nous connaissons, inventent et expérimentent des alternatives. » Coline Serreau
Site web du film : http://www.solutionslocales-lefilm.com
Dépassant la simple dénonciation d'un système agricole perverti par une volonté de croissance irraisonnée, Coline Serreau nous invite dans « Solutions locales pour un désordre global » à découvrir de nouveaux systèmes de production agricole, des pratiques qui fonctionnent, réparent les dégâts et proposent une vie et une santé améliorées en garantissant une sécurité alimentaire pérenne.
Caméra au poing, Coline Serreau a parcouru le monde pendant près de trois ans à la rencontre de femmes et d'hommes de terrain, penseurs et économistes, qui expérimentent localement, avec succès, des solutions pour panser les plaies d'une terre trop longtemps maltraitée.
Pierre Rabhi, Claude et Lydia Bourguignon, les paysans sans terre du Brésil, Kokopelli en Inde, M. Antoniets en Ukraine... tour à tour drôles et émouvants, combatifs et inspirés, ils sont ces résistants, ces amoureux de la terre, dont le documentaire de Coline Serreau porte la voix.
Cette série d'entretiens d'une incroyable concordance prouve un autre possible : une réponse concrète aux défis écologiques et plus largement à la crise de civilisation que nous traversons.