R.O.C. 06
17Fév/16Off

Conférence internationale sur la décroissance – Budapest – 30 août-3 septembre 2016

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Après Paris en 2008, Barcelone en 2010, Venise en 2012 et Leipzig en 2014, Budapest accueille la cinquième conférence internationale sur la Décroissance du 30 août au 3 septembre 2016 à l’université Corvinus.

Nous vous invitons à suivre les différents appels à contributions sur www.budapest.degrowth.org. Cette conférence, d’abord académique, souhaite créer un espace de dialogue et d’ouverture avec des sessions spéciales, des plénières mais aussi différents types d’activités culturelles, artistiques, manuelles mais aussi politiques et militantes autour d’une semaine de la Décroissance. Budapest offre un réseau d’alternatives sur lequel s’appuie cette conférence.

Cette rencontre se tiendra dans un environnement post-socialiste. Nous espérons des rencontres et discussions enrichissantes à travers une mise en perspective entre un contexte sociale, économique et politique complexe et différentes approches, perceptions et expériences venant de différentes régions du monde.

Nous proposons une organisation régionale et participative dans le but d’initier des discussions, du dialogues et des expérimentations autour de la Décroissance dans la région. Nous avons déjà pu observer la pertinence d’une telle démarche l’année dernière lors d’une rencontre en Hongrie, puis à Vienne et dans les Balkans à l’automne dernier.

budapest_imageCette rencontre s’inscrit dans la dynamique de la dernière conférence qui a réuni en septembre dernier à Leipzig plus de 3500 personnes de 74 nationalités. Enfin, puisque plusieurs précurseurs de la décroissance comme Karl Polanyi, Ivan Illich, Nicholas Georgescu Roegen ou André Gorz sont originaire de cette région.

Ainsi, en s’inspirant de Karl Polyani et de son fameux ouvrages, La Grande Transformation, nous nous questionnerons ensembles pour savoir si : la Décroissance peut-elle dessiner des chemins vers de nouvelles grandes transformations désirables ?

Pour plus d’infos et de discussions autour de cette conférence, retrouver l’émission sur Tilos radio avec Hu-lala à laquelle l’équipe d’organisation francophone a participé :

Rendez-vous à Budapest à la fin de l’été !

8Oct/15Off

Réfugiés : le naufrage occidental [PPLD]

L’Europe est submergée. C’est le déferlement. Un flux de clandestins est en train d’envahir l’Europe. Insupportable : « nos pays n’ont pas pour vocation d’accueillir toute la misère du monde ».
Il suffit de quelques mots, d’un vocabulaire bien choisi pour transformer les symptômes de l’effondrement de notre modèle de sociétés en « crise des migrants », voire même « islamique » entend-on parfois.
Ainsi, les fantasmes sont entretenus et la peur est exacerbée. Ainsi, le débat sur les possibles solutions est circonscrit à un cadre « défensif » comme s’il s’agissait d’un phénomène « naturel » sur lequel nous n’aurions pas de responsabilité, dont nous devrions nous protéger.
Toujours la même rengaine du phénomène naturel dont nous serions victimes : la crise, la dette, les sauterelles, les attentats, …

traverser pour piller

Et Monsieur Sarkozy qui parle de tourisme social. Faut-il être déconnecté de la réalité à ce point pour imaginer que des familles entières s’infligent de telles conditions de migration, sans réussite garantie, uniquement par tourisme ? Sarkozy est malhonnête, mais il n’est pas naïf. Tout est bon pour faire oublier que ces personnes sont des humains qui fuient la mort, qu’ils n’ont plus rien à perdre. Tout est bon pour les déshumaniser. C’est qui le touriste ?

Alors, ces gens sont censés venir pour « profiter » de nos richesses ? Nos richesses ? Bien voyons ! D’où vient le pétrole, d’où vient l’uranium, les métaux, les terres rares, la main d’oeuvre qui permettent de fabriquer nos objets ?
Nous sommes rattrapés par une réalité que nous nions depuis des décennies : celle du développement, de ce système pervers héritier du colonialisme, où sous prétexte d’amener la civilisation et la démocratie, on exploite, déstabilise et pille toujours plus.
Ces personnes fuient les conséquences des guerres illégales et désastreuses ayant pour objectif d’assurer le contrôle des ressources fossiles dans ces régions. Quand elles ne fuient pas la guerre (armés par qui ?), elles fuient des dictatures, l’expropriation de leurs terres avec le land-grabbing (accaparement foncier) ou demain, les conséquences du changement climatique. Elles fuient pour survivre, quitte à risquer la mort. Et certaines en meurent, même des enfants …

Aucun citoyen occidental ne cautionnerait l’exploitation des pays du sud. Et pourtant, la quasi-totalité de ces citoyens n’est pas prête, indirectement, parfois inconsciemment, à faire ce qu’il faudrait pour renverser la tendance. Même nous, qui prônons un changement de paradigme, et le vivons partiellement. La situation actuelle nous rappelle douloureusement que nous vivons dans une illusion de liberté de consommer : nos propres modes de vie, dépendant de toujours plus de tirages sur des ressources finies, ont des conséquences sur la vie d’autres personnes, ailleurs, si loin qu’il est impossible de réaliser les conséquences de nos actes. Et pourtant, ces autres personnes se retrouvent aujourd’hui face à la mort dans ces pays, et elles viennent frapper à nos portes.

pompe-afrique

Alors, on fait quoi ? On cherche des solutions sans changer le système et en prenant soin de bien garder les œillères ? Ou bien, on regarde collectivement la réalité en face ?

Certes, on ne peut pas tout changer du jour au lendemain, et il faut bien trouver des solutions d’urgence. Il suffirait déjà de reconnaître politiquement, puis collectivement, notre dette écologiquepour que des solutions – oubliées ? – apparaissent et soient acceptées par la société.
Nous ne pouvons pas fermer les yeux sur notre responsabilité historique face à ces désordres, ces tragédies. Nous avons un devoir de solidarité, d’autant plus que nous en sommes matériellement capables (et pour causes …), pour accueillir humainement et en bonne intelligence ces populations désespérées, que ce soit temporairement ou définitivement.

Tirons un enseignement de cette situation critique pour en faire un tremplin vers de nouveaux mondes. Une bonne partie des populations qui arrivent appartient aux classes éduquées de leurs pays. L’enjeu n’est pas de faire du brain-gain, mais de penser ces opportunités de rencontres comme tremplin pour un véritable dialogue des civilisations. Nos sociétés occidentales changent et doivent évoluer dans une perspective de Décroissance. La transition est en marche, mais ce n’est que le début. Cela est insuffisant si le reste du monde ne questionne pas cette fuite en avant vers le toujours plus. Faisons des migrants des ambassadeurs de cette transformation afin de casser le mythe de l’occident, de la consommation illimitée. De même, ces personnes arrivent avec une autre vision du monde, des relations humaines, des expériences de vie riches d’enseignements qui peuvent contribuer à sortir nos sociétés de ce cercle vicieux mortifère et individualiste.
N’avons-nous pas là un levier pertinent pour tourner la page du toujours plus, de la compétition économique et de ses conséquences, pour laisser place à un monde de « buen vivir » ? Profitons-en pour imaginer d’autres modes de vie, même si ça implique de renoncer au modèle actuel apparemment si confortable, si désirable. Car assurément, nous gagnerions du bien-être collectif à sortir du consumérisme.

Cela doit s’accompagner d’un changement de paradigme dans les relations internationales : posons les vrais problèmes sur la table et sortons de cette fuite en avant guerrière pour le contrôle des ressources naturelles. Le XXème siècle et ses logiques impérialistes, nationalistes et de compétitions économiques doivent appartenir au passé !

Vite, initions des transitions vers des sociétés soutenable est souhaitables. Soyons plus sobres, questionnons nos usages, simplifions nos productions, rendons les durables, réutilisons. Partageons vraiment, mettons en place un espace écologique (DIA et RMA), sérénisons la société, généralisons la bienveillance. Et surtout, relocalisons, relocalisons pour économiser de l’énergie, pour avoir une agriculture soutenable, pour créer du lien, pour rompre avec la banalité de nos actes aux conséquences désastreuses.
Vite, initions dès maintenant des chemins vers une relocalisation ouverte, c’est-à-dire une relocalisation solidaire et dans le dialogue, qui n’a rien à voir avec la préférence nationale.

Le Collectif « Parti-E-s Pour La Décroissance »
à l’initiative de Stéphane Madelaine et librement inspiré par la chronique de Reporterre de Vincent Liegey

16Juin/14Off

Le 17 juin, un Carnaval pour la paix

A l’occasion d’Eurosatory, salon International de la Défense et de la Sécurité : 
Carnaval pour la paix ! Contre le business de la guerre !
Mardi 17 juin, Paris


A l’occasion d’Eurosatory« le plus grand salon International de la Défense et de la Sécurité Terrestres et Aéroterrestres » qui aura lieu du 16 au 20 juin, rassemblons-nous pour dénoncer le business de la guerre.

Le mardi 17 juin aux Invalides à Paris, aura lieu la « soirée de gala » de ce salon de la guerre : Uniquement sur invitation, à l’abri des regards et aux frais de la France, on y trinquera à la croissance du marché des armes, aux échanges de techniques de répression des peuples, aux futures guerres encore et toujours sources de profits.

Nous pouvons réagir face à ce commerce criminel : 
Réunissons-nous sur l’esplanade des Invalides, dès 18h jusqu’à la fin du gala !

Pour dire OUI à la paix, OUI au partage, OUI à l’amour, OUI à la tolérance etOUI à un autre monde loin du sang et de la loi du fric.

Pour dire encore et encore et toujours plus fort NON aux armes, NON au business de la guerre, non non et NON 
Pique-nique, Carnaval, musique, danse, jeux… venez faire ce que vous voulez, mais venez !

Ici, une courte vidéo pour vous donner une idée de l’ambiance de ce salon :

Nos services de voyance et de météo annoncent :

- Enormément de monde quel que soit le climat
- Quel que soit le climat, énormément de monde
- Plein d’enfants et de clowns qui joueront aux farces de l’ordre et à garder la paix
- Plein de gens costumés et aussi quelques gens tout nus (costume léger toléré)
- De gentils rigolos prévoyant de s’enchaîner aux grilles maculés de peinture rouge
- Des hordes de bardes et musiciens entraînant la foule en délire
- Des milliers de bougies en mémoire des trop nombreuses victimes du business de la guerre
- Des militaires et des policiers démissionnant en masse
- De nombreuses actions toute la semaine du 16 au 20 juin au salon Eurosatory, au parc des expositions de Villepinte .
Ceci n’étant qu’une météo, faites en sorte qu’elle se réalise. Pour une fois, la météo dépend de toi.

Événement proposé par des citoyens engraineurs clowns et clowns engraineurs, ouvert à tous ceux qui ont gardé leur âme d’enfant 😉

Source : Les Engraineurs

10Juin/14Off

Aux États-Unis, les vaches sont nourries aux bonbons.

Aux États-Unis, certains éleveurs bovins alimentent leur bétail avec des bonbons pour faire des économies et engraisser l'animal plus rapidement. C’est la nouvelle trouvaille de certains éleveurs de bovins américains pour faire des économies sur le fourrage destiné à nourrir les animaux. En réponse à la hausse des prix du maïs, les vaches de certaines exploitations sont désormais nourries de friandises bon marché à hauteur de 8%. Morceaux de bonbons, mix de chocolats ou encore miettes de biscuits industriels, non seulement les rebuts des usines de sucreries assurent d’importantes économies aux producteurs (160$ pour une tonne de pépites de bonbons contre 315$ pour une tonne de maïs), mais ils permettent aussi d’engraisser les vaches plus rapidement. “Ces aliments ont un ratio de graisse bien plus élevé que le maïs traditionnellement utilisé” explique Joseph Watson, éleveur dans le Kentucky. Des vaches qui engraissent donc plus rapidement, mais produisent également plus de lait (jusqu’à 1,5 litre supplémentaire par bête et par jour), tout cela à moindre coût pour l’éleveur. Selon John Waller, professeur en nutrition animale de l’Université du Tennessee ce mode d’alimentation ne serait pas dangereux pour le bétail qui est capable de digérer une large variété de nourriture grâce aux bactéries contenues dans leur panse. Néanmoins, la composition des bonbons (sucre, colorants et arômes artificiels, stabilisants chimiques...) peut laisser perplexe quant aux éléments susceptibles de se retrouver dans le produit final, qu'il s'agisse de la viande ou du lait. Plus inquiétant encore, certains bonbons seraient donnés aux vaches dans leur emballage. Enlever les matières plastiques étant peut-être considéré comme une perte de temps lorsque l’on connaît l’efficacité du système digestif des ruminants. Mike Yoder, éleveur de vaches laitières dans le Vermont a également adopté ce type d’alimentation pour ses bovins. “Dans l’élevage, il est parfois une question de centime, ou de demi-centime. S’il est possible d’économiser une pièce, vous le faites.” a-t-il confié à la CNN.

Source : CNN Money

Rédaction : Manon Laplace sur : http://www.bioalaune.com/fr/actualite-bio/11288/aux-etats-unis-vaches-nourries-aux-bonbons

10Juin/14Off

Où vont mourir les voitures invendues

Paru sur : www.zerohedge.com traduit en francais : http://reseauinternational.net/vont-mourir-les-voitures-invendues/

 

Ci-dessus, quelques-unes des milliers et des milliers de voitures invendues à Sheerness, au Royaume-Uni. Vous pouvez le voir sur Google Maps… Tapez Sheerness, Royaume-Uni. Regardez à l’ouest de la côte, en-dessous de la Tamise, à côté de la rivière Medway, à gauche de l’A249, Brielle Way.

Il y a des centaines d’endroits comme ça dans le monde d’aujourd’hui et ils continuent à s’accumuler. Et pourquoi utilisent-ils les pistes des bases aériennes désaffectées pour parquer des milliers de voitures si les ventes sont normales ?

Les stocks de voitures invendues dans le monde

Houston… nous avons un problème !… Personne n’achète plus de voitures neuves ! Si, quand même, mais pas à l’échelle d’autrefois. Des millions de nouvelles voitures neuves invendues sont ainsi parquées de manière redondante sur ​​des pistes d’aérodromes et des parcs de stationnement à travers le monde. Elles restent là, se détériorant lentement sans aucune maintenance.

La photo ci-dessous est celle d’un immense parc de voiture à Swindon, Royaume-Uni, avec des milliers et des milliers de voitures invendues juste stationnées là sans aucun acheteur en vue.

Les constructeurs automobiles doivent acheter de plus en plus de terrains juste pour garer leurs voitures étant donné qu’ils sont perpétuellement au-delà de la ligne de production.

Lire la suite :  http://reseauinternational.net/vont-mourir-les-voitures-invendues/

28Nov/12Off

Reportage de Séville en Transition.

Reportaje “Sevilla en Transición”
Publicado el noviembre 15, 2012 por sevilladecrece

Un trabajo realizado por NOTON con la intención de ahondar en las distintas crisis que actualmente atravesamos y las posibilidades de acción ante las mismas. Es sobre todo un trabajo investigador y ameno en el que, a través de diferentes voces implicadas en los temas que analizamos, da a conocer cuál es el problema de cada crisis en particular y qué relación existe entre ellas.

Sevilla es un territorio donde existen múltiples colectivos preocupados por el problema de las hipotecas y los desahucios, la crisis económica, el desempleo, la crisis en la alimentación, los efectos del cambio climático, el pico del petróleo y la crisis mediática entre otros.

Este reportaje se enfrenta a esa realidad desde una perspectiva holística, intentando comprender las relaciones entre esos distintos colectivos y proyectos para mostrar el camino ya emprendido desde la sociedad civil. Iniciativas que existen y que buscan vivir mejor, con un fuerte sentido comunitario sin el que sería imposible afrontar los problemas a los que hoy nos enfrentamos como sociedad.

¡¡¡La Comunidad será la energía renovable más importante del Siglo XXI!!!

En Francais : 

Un travail réalisé par NOTON avec l'intention de pénétrer dans les crises distinctes que nous traversons actuellement et les possibilités d'action devant la même. C'est surtout un travail investigateur et amène dans celui que, à travers des différentes voix impliquées dans les sujets que nous analysons, il permet de connaître quel est le problème de chaque crise en particulier et quelle relation existe entre celles-ci.

Séville est un territoire où existent des collectifs multiples préoccupés du problème des hypothèques et des congés, de la crise économique, du chômage, de la crise dans l'alimentation, les effets du changement climatique, le pic du pétrole et de la crise médiatique entre les autres.

Ce reportage fait front à cette réalité depuis une perspective holistique, en essayant de comprendre les relations entre ces collectifs distincts et projets pour montrer le chemin déjà entrepris depuis la société civile. Les initiatives qui existent et qui cherchent à vivre meilleures, avec un fort sens communautaire sans celui qui serait impossible d'affronter les problèmes auxquels aujourd'hui nous faisons front comme société.

La Communauté sera l'énergie renouvelable la plus importante du XXIe siècle!!!!!!

29Oct/12Off

Faut-il toujours plus de croissance ?

Controverse, par Sabrina Kassa| 21 septembre 2011 sur Regards.fr

S’appuyant sur la crise financière et celle de la dette actuelles, le chercheur Philippe Askenazy et le professeur Jean Gadrey démystifient l’idée que croissance égale bonne santé économique d’un pays. Ils nous expliquent en quoi elle est un danger écologique et économique et proposent des alternatives possibles .

Regards.fr : Pourquoi la croissance fait-elle aujourd’hui débat ? Est-ce un bon indicateur du progrès et de la prospérité ? 

Jean Gadrey : La croissance est en question pour de multiples raisons. Une progression de 2 % par an de la consommation par habitant signifierait que nos descendants consommeraient six fois plus de biens en 2100, 40 fois plus en 2200, etc. Quand arrête-t-on cette course folle pour réfléchir aux fondamentaux du bien-vivre ? La croissance ne tient plus ses promesses de progrès social dans les pays riches. Les statistiques mondiales montrent que les grands indicateurs de progrès humain ne sont pratiquement plus corrélés au PIB par habitant au-dessus d’un seuil que nous avons dépassé en France depuis les années 1970 ! Enfin, la crise écologique est désormais l’argument principal. Les pays qui ont le plus gros PIB par habitant sont en tendance ceux qui ont la plus forte empreinte écologique par habitant, les plus hauts niveaux d’émission de gaz à effet de serre et de consommation de ressources du sol et du sous-sol. La croissance est l’explication principale de la crise écologique. C’est à la fin des Trente Glorieuses que l’humanité a commencé à émettre plus de CO2 que ce que la nature peut « absorber », et nous en sommes aujourd’hui à deux fois plus. Il y a de quoi être « atterré »…

Philippe Askenazy : La croissance fait actuellement débat, essentiellement parce qu’elle fait défaut dans la plupart des pays développés ; la Chine peut s’interroger sur le risque de surchauffe de son économie mais pas sur la pertinence de la croissance. L’absence d’une progression forte du PIB dans nos économies se double d’une répartition de ses fruits profondément inégalitaire. Ils sont essentiellement accaparés par une toute
petite partie de la population, de l’ordre de 1 % dans de nombreux pays, dont la France. Cette inégalité explique en grande partie pourquoi elle n’est plus nécessairement synonyme de progrès humain. En retour, l’inégalité est un obstacle à reconstruire une croissance saine. En effet, elle ne permet pas le développement de services à hautes valeurs ajoutées, comme la santé ou l’éducation. Ces services seraient également une
réponse à une autre interrogation : la croissance est-elle écologiquement soutenable ? La croissance n’est pas condamnée à être carbonée.

Regards.fr : La croissance est-elle la solution pour lutter contre le chômage et sortir de la crise financière ? 

Jean Gadrey : Pour la crise financière, lessolutions, avec ou sans croissance, se trouvent d’abord dans la reprise en main par les citoyens de la finance, de la création monétaire et du crédit : ce sont des biens communs, dont la privatisation depuis les années 1980 explique largement la situation actuelle. S’agissant du chômage, il est clair que, si, en France et en Europe, la croissance est nulle ou négative dans les prochaines années, ce sera grave pour l’emploi, pour les dettes publiques et pour les investissements de la transition écologique et sociale. On ne quitte pas comme cela un régime productiviste, pas plus qu’on ne quitte instantanément
le nucléaire, la civilisation de la voiture et des camions, l’agriculture conventionnelle, etc. On aura encore probablement des gains de productivité globaux pendant quelques années. Il faut donc engager au plus vite un virage antiproductiviste et viser la sobriété matérielle et énergétique équitable. Combien de temps cela prendra-t-il ? Tout dépendra des décisions politiques et donc des mouvements sociaux. Un véhicule
qui court vers le précipice et qui a une forte inertie doit prendre à temps un virage à 90 degrés, mais cela ne peut pas être instantané.

Philippe Askenazy : La croissance n’est pas une solution à la crise financière. Cette dernière est le résultat d’une régulation insuffisante des activités financières, d’institutions politiques mal construites – la crise de l’euro en est une illustration — et des inégalités sociales, qui poussent les uns à s’endetter et les autres à spéculer. De fait, la crise financière, en entretenant une instabilité dans la sphère réelle, est un obstacle à la
croissance, pas une conséquence d’une faible croissance. En revanche, développer de nouvelles activités est mécaniquement la solution pour créer des emplois. Cela ne se traduit pas nécessairement par un PIB plus élevé. A nouveau, les inégalités sont telles que prendre la capacité d’épargne accumulée dans la dernière décennie par les 1 % les plus aisés de la population française permettrait à l’Etat de créer 1 million d’emplois, dont la productivité sociale serait élevée, mais faible au regard du PIB qui est à la base de la mesure actuelle de la croissance.

Regards.fr : La croissance est-elle compatible avec la rareté des ressources, notamment énergétiques ? 

Jean Gadrey : La « croissance verte » me semble une illusion scientiste. Deux arguments parmi d’autres : pour atteindre les objectifs du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du Climat (GIEC), il faudrait que les pays riches divisent par 5 leurs émissions de CO2 d’ici 2050, soit en moyenne une réduction de 4 % par an (c’est le pourcentage de réduction réalisée en France… en dix ans). Un tel objectif est déjà
très ambitieux. Mais, avec une croissance de 2 % par an, il faudrait réduire les émissions de 6 % par an par unité produite. Aucun scénario ne permet de croire que c’est possible. Michel Husson et Tim Jackson ont montré séparément que l’atteinte des objectifs du GIEC est incompatible avec la poursuite de la croissance dans le monde, donc, a fortiori, chez nous. Deuxième argument : on est proche du pic à partir duquel la production mondiale de pétrole va décroître inéluctablement et son prix s’envoler. Selon certains experts, on y serait déjà. Si l’on ajoute que bien d’autres pics vont être atteints dans les dix à trente ans à venir, pour presque tous les minerais de base de l’abondance matérielle (plomb, argent, cuivre, uranium, nickel…), sans parler des terres arables de plus en plus convoitées, de l’eau et des forêts, on peut parier que, quoi que l’on fasse, la croissance et les gains de productivité vont cesser. Il serait sage d’anticiper le virage vers un autre modèle, plutôt que de subir une gigantesque récession mondiale.

Philippe Askenazy : Contrairement à une idée reçue qui émerge de manière récurrente depuis le premier choc pétrolier, la croissance est parfaitement compatible avec la rareté des ressources, même dans ses fondements actuels, c’est-à-dire très consommateurs. Premièrement, il ne faut pas sous-estimer les capacités d’innovation et de substitution des énergies fossiles. Deuxièmement, les scénarios les plus sombres
en matière de réchauffement climatique demanderaient des coûts d’adaptation pour les économies développées qui peuvent sembler importants, mais qui sont très faibles au regard de la création historique de richesses. Pour un pays comme la France, les scénarios économiques ne sont même pas nécessairement défavorables, certaines régions étant perdantes, mais d’autres gagnantes ! L’essentiel du coût relatif sera supporté par des pays du Sud. Cela ne signifie pas qu’il soit souhaitable d’ « abîmer la nature », mais il ne faut pas attendre de celle-ci qu’elle oblige la sphère économique à changer profondément sa nature.

Regards.fr : Y a t-il d’autres moyens pour sortir de la crise ? 

Philippe Askenazy : Cette question est très délicate. Actuellement, les économistes ne sont pas encore capables d’expliquer les mécanismes à l’oeuvre lors de la crise, ou plutôt ils ont trop d’hypothèses pour aider à la prescription politique d’un point de vue pratique. En gros, deux hypothèses sont possibles : l’une fait porter le poids de la crise sur la mécanique financière, l’autre porte sur la profondeur des inégalités. Dans un cas, il faut changer la gouvernance des marchés, dans l’autre, il faut modifier les rapports de force sociaux. Ce n’est vraiment pas le même type de politique !

Regards.fr : A quoi ressemblerait un monde sans croissance, et quels seraient les moteurs de l’économie ? 

Jean Gadrey : Il faut viser un changement de modèle productif et de modes de vie, un tournant antiproductiviste. On peut avoir du développement économique durable, innovant et riche en emploi, sans croissance. La plupart des processus de production propre, les plus doux avec la nature et aussi en termes de conditions de travail, exigent plus de labeur (que les productions surexploitant les ressources naturelles) pour produire les mêmes quantités, mais d’une tout autre qualité. Supposons que l’on remplace en quelques décennies l’agriculture productiviste, destructrice d’environnement et de santé, par de l’agriculture biologique de proximité. Sans croissance des quantités, il faudrait 30 à 40 % d’emplois en plus. La part de la valeur ajoutée agricole progresserait, et, surtout, la qualité et la durabilité de la production seraient bouleversées positivement. Je fais dans mon livre Adieu à la croissance un bilan de la conversion écologique et sociale de tous les secteurs de l’économie. En termes d’emplois, ce bilan serait vraisemblablement positif, sans croissance globale.

Philippe Askenazy : Les futuristes imaginent des mondes sans croissance. Pour ma part,  je pense qu’il faut procéder plutôt par un inventaire des besoins des populations. Cet inventaire désignera des voies nécessaires
de progrès économiques et sociaux, qui, en retour, généreront une croissance, qui n’est pas une fin en soi, mais simplement la résultante du développement des activités offertes à la population.

Regards.fr : Les pays en difficulté aujourd’hui, comme la Grèce ou le Portugal, peuvent-ils se passer de croissance pour rééquilibrer leur finance publique ? 

Jean Gadrey : La plus grande partie de leurs difficultés ne provient pas d’une panne de croissance mais de la domination des marchés financiers sur l’économie et sur les dettes publiques. Mais, évidemment, si en plus de ces facteurs financiers, on ajoute une récession, cela ne va pas arranger leurs affaires ! Donc, c’est clair, à court et moyen termes, il faut les aider à sortir de la récession par la solidarité et surtout par une action résolue contre la finance de marchés. Mais, même dans leur cas, une autre relance est possible, plus verte et plus sociale, avec une forte réduction des inégalités qui plombent leurs sociétés et leurs finances publiques.

Philippe Askenazy : La situation de chacun de ces pays est particulière. La Grèce, qui cristallise les craintes, ne manquait pas de croissance avant la crise. Elle est en fait victime d’un Etat mal organisé et clientéliste, et d’institutions européennes inadaptées à une attaque de sphère financière. L’évasion fiscale, en premier lieu des grandes fortunes, mine la capacité de financement de l’Etat Grec. En plus, la Grèce a, du fait
de son conflit latent avec la Turquie, un budget militaire hypertrophié. Pour retrouver un équilibre, il faut à la fois un changement des institutions européennes, faire le choix de la paix et se doter d’une véritable administration fiscale non corrompue.

Regards.fr : Une société post-croissance est-elle compatible avec le capitalisme financier ? 

Jean Gadrey : Non. On ne voit pas comment une société qui valoriserait d’abord les biens communs naturels et sociétaux pourrait être soumise à la loi de la valeur pour l’actionnaire et à son court-termisme intrinsèque. Les deux conditions à réunir ne sont pas en premier lieu écologiques. Il faut en priorité arraisonner la finance et réduire les inégalités.

Philippe Askenazy : Le capitalisme financier montre ses limites. On voit bien avec les crises de la dette des Etats que ce capitalisme devient antidémocratique et empêche les Etats de construire un nouveau modèle de progrès pour la société. La question de la finance n’est donc plus celle de la croissance ou de la post-croissance, mais tout simplement une question démocratique. Et enfin, comment la France peut-elle sortir de la logique « croissanciste » au vu des contextes européen et mondial ?

Regards.fr : Quel serait le prix à payer ?

Jean Gadrey : Le prix à payer sera bien plus élevé si l’on reste prisonnier du culte de la croissance, mais malheureusement les générations futures ne votent pas. C’est à nous de les représenter. Quant aux moyens financiers à réunir pour lancer vite le chantier des transformations écologique et sociale, et des dettes accumulées, nous les avons largement. J’estime pour ma part que 4 à 5 points de PIB, soit 80 à 100 milliards
d’euros, sont récupérables chaque année en prenant l’argent là où il est, du côté des rentes et des niches pour privilégiés, et de la spéculation. Aucun besoin de croissance pour cela !

Philippe Askenazy : Je ne pense pas que la France puisse sortir de la logique « croissanciste ». La France a une croissance démographique soutenue, qui commande une croissance économique si l’on veut maintenir le
niveau de vie de la population ; la redistribution sera insuffisante. Mais, c’est au politique de prendre l’initiative pour en supprimer les aspects les plus délétères, une forme de conversion.

24Oct/12Off

La naissance de Moins! (SUISSE)

Le premier numéro de Moins! est arrivé.

Ce journal bimestriel, créé sous l’impulsion de militant·e·s du Réseau Objection de Croissance (nos amies Suisse qui ont donnée le nom au ROC06), vient animer les débats politiques romands et nationaux.

Confronté∙e∙s à la banalisation des questions écologiques et à une cruelle absence de voix critiques vis-à-vis du productivisme et du progrès, Moins! aspire à promouvoir et diffuser les idées de la décroissance. Ce mot-obus, qui s’attaque à la religion de la croissance économique, ne trouve guère de visibilité dans les médias dominants. Quand il y figure, il l’est souvent à mauvais escient (en synonyme de récession) ou de façon caricaturale (cavernes, bougies et calèches !). Il s’agit pourtant d’un courant de pensée qui connait un succès grandissant, en Europe aussi bien qu’en Amérique Latine, au moment même où convergent des crises diverses et profondes – écologique, sociale, économique et morale.

Pour pallier à ce manque, Moins! se propose d’être un cri de contestation et de résistance, mais aussi un espace ouvert à des voix dissidentes, à des sujets et des questions tabous, afin de révéler l’existence de pistes alternatives et devenir un lieu de réflexion (et d’action!) pour construire une façon de vivre ensemble plus égalitaire et solidaire.

Alliant articles d’actualité, témoignages locaux et textes de fond, chaque numéro peut compter sur la collaboration d’une équipe de rédacteur∙trice∙s et de dessinateur∙trice∙s, entièrement bénévoles et réuni∙e∙s par un vif esprit «iconoclaste». Sans publicité, libre de toute attache politicienne, notre journal de 32 pages de qualité sera vendu selon le principe du prix libre, tant au numéro qu’à l’abonnement. Il sera également disponible en kiosque, au prix de 5 francs.

http://www.achetezmoins.ch/

12Sep/12Off

On exige un référendum au pacte budgétaire européen!!!

Le TSCG des Merkel + Sarkozy + Hollande ou Pacte budgétaire européen expliqué en quelques minutes.

3Sep/12Off

La décroissance contre les marchands de canon

La Décroissance contre les marchands de canon Christian GHIOTTI, Conseil National du PPLD

En juin dernier s’est déroulé à Paris le plus grand salon de vente d’armes du monde, Eurosatory. Nom bien choisi : le commerce des armes est prodigieux, miraculeux même, mais nous sommes bien éloignés du satori et du Zen : le commerce des armes est un analyseur de nos sociétés. Marché très concentré, ce commerce est pour l’essentiel aux mains de quelques Etats, il est le cœur même de ces quelques Etats. Ainsi, pour la France, dans le peloton de tête des pays exportateurs, nous savons(1) que notre croissance a été consubstantiellement liée au soutien actif à des régimes dictatoriaux qui possèdent les matières premières indispensables à la croissance (Pétrole, uranium, cuivre, terres rares…). Et qu’a pu échanger, même sous les majorités socialistes de la 5ème république, notre pays contre les ressources convoitées, si ce n’est des armes qui permettent aux dictateurs dociles mis en place par nos réseaux (comme les réseaux Foccart pour la Françafrique) de réprimer leurs populations ?

Aucun parti politique de gouvernement, y compris le Parti de Gauche et EELV, partis où se retrouvent souvent des objecteurs de croissance cherchant leur efficacité politique dans un certain « entrisme » dans des organisations connues, ne remet en cause ce commerce et donc cette production mortifère d’armement. La faiblesse de la mobilisation contre Eurosatory traduit la faiblesse continue des luttes dans ce domaine et si de belles actions ont été menées par des pacifistes et des associations (Mouvement pour une Alternative Non violente, Appel des 100, Union Pacifiste…), avant que la décroissance politique commençante ne s’y attelle à travers ses jeunes organisations (PPLD, MOC et collectifs locaux), jamais la classe politique ne s’était réellement préoccupée du sujet. Avec Eurosatory, comme le souligne Patrice Bouveret, directeur de l’Observatoire des armements, « en organisant la promotion de systèmes d’armements –notamment pour des Etats connus pour leur violation des normes internationales – tout en manifestant par ailleurs sa volonté d’empêcher les désastres que ces armes provoquent, le gouvernement français adopte un comportement schizophrène dont il serait temps de sortir ! » Ainsi, François Hollande déclarait, à trois jours du premier tour de l’élection présidentielle aux partenaires(2) de la campagne « Contrôlez les armes »,« son attachement et son engagement personnel à ce que la France joue un rôle moteur pour que soit adopté un traité ambitieux et robuste sur le commerce des armes […], centré sur le respect des droits de l’Homme, du droit international humanitaire et des droits économiques et sociaux nécessaires aux politiques de développement. […] Un traité ambitieux, juridiquement contraignant et universel. » Avec la volonté d’ajouter des « mécanismes de vérification plus efficients sur les matériels, sur les intermédiaires et sur les destinataires finaux. ». Pour le candidat Hollande, il était « de la responsabilité des élus de la nation » de débattre de « l’encadrement du commerce international de l’armement » et que « experts universitaires, ONG, industriels de l’armement » doivent être « associés plus étroitement » au débat autour du « rapport annuel présenté par le ministre de la Défense ».

Cela tombe bien car cet été se négocie à New York un projet pour nous mort-né : le Traité du Commerce des Armes. Ce traité ambitieux est l’aboutissement de nombreuses années de négociation entre états mais il se heurtera au principe de réalité, il sera contourné, comme d’autres traités (3) car il est clair qu’un pays qui respecterait à la lettre le code de bonne conduite se fermerait les portes de nombreux clients et ne pourrait plus faire tourner ses usines d’armement. Vive la croissance !…Si notre nouveau Président, estampillé« normal », ne la cherche pas « avec les dents », à peine élu, Hollande a indiqué ne pas se sentir concerné par l’accord signé avec EELV sur le nucléaire, a confirmé la politique impérialiste d’AREVA au Niger et a lui-même décidé de l’avènement rapide des réacteurs de 4° génération et de confirmer son adhésion au maintien de l’arme nucléaire, un tabou français qui coûte cher. Que peut-on attendre de cette « gauche » là ?

A l’heure où les gouvernements entendent imposer des mesures d’austérité dans une Europe affaiblie, rappelons l’importance du budget militaire : selon le SIPRI (4) pour 2010 en France : 50 milliards d’euro (contre 65 milliards pour l’éducation, le « trou de la sécu » est évalué à 18 milliards environ). Les dépenses militaires mondiales sont colossales (environ 1200 milliards d’euro par an), leur impact écologique et humain est considérable, sur une planète où près d’un milliard de personnes sont sous-alimentées (et où une vingtaine de milliards suffiraient, pour éliminer la sous alimentation (5)).
En Europe, la Grèce est certes un pays endetté. Le remboursement de cette dette y est l’objet comme ailleurs, d’un audit citoyen. Mais entre la question de la création monétaire et celle des taux d’intérêts, la « gouvernance » européenne actuelle penche clairement du côté des banques commerciales. Les derniers résultats électoraux ont vu la victoire de la Droite, saluée par l’actuel gouvernement français et l’ « écologiste » Cécile Duflot : ils auront évité aux Grecs d’être mis « sous tutelle » par l’Europe libérale. On ne sait si le peuple indocile doit se réjouir !

L’on sait encore moins que ce pays endetté est aussi surarmé, les médias dominants ne le disent jamais. Petit pays de 11,3 millions d’habitants, la Grèce est pourtant le 4ème importateur mondial d’armement par habitant ! Les dépenses militaires grecques explosaient de 1988 à 2009 de 1,34 milliards à 7,39 milliards d’euro. En quatre ans seulement (2005 -2009), ces dépenses ont augmenté d’un tiers. Curieusement, le « pouvoir d’achat en armement » donné à la Grèce tient à des concours financiers de banques de mêmes nationalités que les industriels fournisseurs d’armement (USA, Allemagne, France) (6) : la Grèce a acheté à la France des missiles, des blindés, des navires de surface, des Mirage 2000. L’Allemagne a vendu à la Grèce six sous-marins. Nous comprenons vite pourquoi les critiques allemandes à la Grèce montaient en puissance à partir du moment où les marchands de canon allemands faisaient face à des impayés. Les aides financières et le soutien à la Grèce sont conditionnés par l’achat de matériel de guerre : il s’agit de « prêts fléchés » et l’on peut affirmer que le malheur du peuple grec fait le bonheur des marchands de canon allemands, français et américains. Face à l’endettement, les gouvernements ont appliqué des plans de rigueur au peuple grec. Incapable de supporter une division par deux de leurs revenus, des centaines de Grecs ont mis fin à leur jours. Voilà, en Europe, les premières victimes des Dassault, Lagardère, Siemens et des banques qui profitent de la « crise de la dette ».

Aujourd’hui, la marchandisation de l’humain, par la mise en place de lois visant à casser les protections existantes (sécurité sociale, services publics, et à privatiser l’accès aux droits fondamentaux : travail, santé, éducation, eau, logement) entraîne une surveillance toujours plus importante des populations pour prévenir les conflits sociaux qui ne manqueront pas d’arriver en grande partie à cause de l’exclusion massive des populations entières de l’accès à ces droits.

La « gauche » au pouvoir en France a-t-elle seulement l’envie de freiner ce processus ?

La pollution, le réchauffement climatique, l’épuisement des sols arables, et l’épuisement des réserves en combustibles fossiles provoqueront à terme des déplacements massifs de populations. Ces déplacements seront des sources de nouveaux conflits.

Ce sont les conséquences du propre mode de vie des pays occidentaux, dont la France, qui les amènent à recourir à une politique agressive pour perpétuer ce mode de vie, à cette course aux armements et à une mainmise de fait, directement ou par l’intermédiaire de marionnettes gouvernementales, mainmise qui se drape toujours des valeurs abstraites d’un humanisme occidental qui se permet de perpétrer des massacres en toute bonne conscience.

Cette course aux armements est justifiée par une nécessaire sécurité, trop souvent associée à la notion de militarisation. Or, cette militarisation accroît l’insécurité de la planète.

Une véritable politique de sécurité pour les peuples devrait prendre en compte l’arrêt de l’exploitation des pays pauvres par les pays riches, un partage équitable des richesses limitées de notre planète, une politique de décroissance du PIB et de l’empreinte écologique dans les pays riches, la décroissance globale de l’empreinte écologique, le tout accompagné d’une recherche de solutions politiques aux conflits.

S’attaquer au commerce des armes permet donc de repérer une radicalité : pas de décroissance possible sans réflexion sur ce que l’on produit et sur l’impact écologique et humain de cette production. Pas de société de décroissance (non pas l’austérité mais la société du « bien vivre », équitable, heureuse, conviviale, souhaitable, durable…), pas de sortie du commerce des armes sans sortie du capitalisme. La Décroissance est un pacifisme éclairé.

(1). François-Xavier Verchave : De la françafrique à la mafiafrique , ed. Flibuste, 2004

(2) Oxfam France, Amnesty International France, CCFD Terre Solidaire

(3) ainsi la France qui vendait directement des obus à l’Irak pendant la guerre irano-irakienne mais aussi à l’Iran, par l’intermédiaire de la société Luchaire (rapporté par Jean de Tonquedec, in alternatives internationales, juin 2005) ce qui conduisit à un scandale et un procès avorté. Rappelons aussi, avec Verschave le rôle des marchands de canon de notre pays dans les massacres africains (Rwanda, Congo, guerres civiles…). Et de toute façon, le plus gros exportateur mondial, les USA, se moque des traités de bonne conduite, on peut à ce sujet se référer par exemple à l’Irangate.

(4) SIPRI : Stockholm International Peace Research Institute

(5) Jean Ziegler : L’empire de la honte, Livre de Poche, 2005

(6) voir à ce sujet, entre autres, les sites mondialisation.org (Grèce : accord militaire avec l’Etat français et achat d’armement, du 26/05/2010), Le Post archive du 07/05/2010, heavenforum.org ; et « contrepoints.org » du 10/01