R.O.C. 06
27Août/12Off

Au camping de la bidouille à Péone

Le 24 août 2012 de Ophelia Noor sur http://owni.fr

Transposez les énergies créatives des bidouilleurs urbains au milieu des montagnes à 1600 mètres d'altitude. Sans eau ni électricité. Laissez mijotez. Hackerspaces et fab labs sont venus planter leurs tentes au festival A Pado Loup pour tester et questionner la pertinence des technologies numériques face aux contraintes naturelles. Et rencontrer d'autres milieux alternatifs DIY, artistiques et écolo.

L’arrivée se fait par un chemin arpenté et caillouteux, sous un soleil de plomb du 15 août, entouré de montagnes, de pins, de mélèzes et prairies en manque d’eau. Dans un virage, une petite pancarte de bois annonce en rouge : “A Pado Loup”. Le potager accueille le visiteur, puis le garage, et la bâtisse principale. Tout est en bois. Construit avec des matériaux locaux en mode DIY.

L’hôte du festival, Bilou, la cinquantaine énergique est entouré d’une ribambelle d’enfants, cousins, frères, soeurs et amis venus participer et prêter main forte sur l’organisation du festival. Nourriture végétarienne, toilettes sèches, douches solaires, récolte d’eau de pluie, compost, utilisation de panneaux solaires et recyclage des déchets feront partie du quotidien des citadins venus se déconnecter.

Deux ans après les rencontres numériques Estives | Digital Peak, à Péone, hébérgées par Jean-Noël Montagné, fondateur d’Art Sensitif, les équipes du TMP/LAB, TETALAB, USINETTE et des volontaires relancent l’aventure : déplacer les énergies créatives du hackerspace en milieu rural et isolé. Le festival A Pado Loup se tenait du 12 au 22 août à quelques lieues du précédent, près de Beuil dans les Alpes Maritimes, au coeur du parc naturel du Mercantour. Une deuxième édition plus détendue que la précédente, sans la dimension internationale ni l’habituel enchaînement de conférences techniques propres aux rassemblements de hackers, mais avec les mêmes contraintes et objectifs. Loin d’être une expérimentation utopique, les communautés numériques de hackers et autres bidouilleurs sont bien conscientes des enjeux liés aux crises globales : écologique, sociale, politique et énergétique. Le rapprochement avec d’autres milieux alternatifs tournés vers ces mêmes problématiques fait son chemin. En juillet dernier se tenait la deuxième édition du festival Electronic Pastorale en région Centre. Deux ans plus tôt à Péone, Philippe Langlois, fondateur du hackerspace TMP/LAB, posait déjà la question du devenir des hacklabs face à la révolution verte et développait à nouveau cette idée en juin dernier dans une conférence sur les hackerlands donnée au Toulouse Hacker Space Factory (THSF).1
L’innovation dans la contrainte

Les bidouilleurs se retrouvent sous une petite serre aménagée en hacklab pour la durée du festival. Équipée de deux panneaux solaires reliés à une batterie de voiture pour faire fonctionner l’électronique, son équilibre est précaire. Mickaël et Alex du Tetalab, le hackerspace toulousain, ont pris en charge la gestion de l’alimentation électrique et de la connexion WiFi. Le petit hacklab doit rester autonome comme la maison principale.

Le WiFi libre dans les actes

Et si l'accès à l'internet, en mode sans fil, était un "bien commun" librement partagé par tous ? C'est ce que proposent ...

Le challenge ? Ne pas dépasser les 70 watts et garder de l’électricité pour la soirée. EDF ne vient pas jusqu’à Pado Loup, encore moins les fournisseurs d’accès à Internet. Le lieu est en “zone blanche”, ces régions difficiles d’accès et non desservies par les opérateurs nationaux par manque de rentabilité.

Pour assurer une connexion au réseau, une antenne WiFi sur le toit de la maison est reliée à celle d’un voisin quelques kilomètres plus loin. Le relai est ensuite assuré localement par le TETALAB de la maison à la serre des geeks.

Mickael vérifie toutes les heures les installations, tourne les panneaux solaires, et répare les pièces qui ne manquent pas de claquer fréquemment depuis quelques jours. Pendant ce temps, les fers à souder s’échauffent et on bidouille des postes radio FM, pour écouter l’émission quotidienne de 18 heures, point d’orgue de chaque journée. Chacun peut participer, annoncer ou proposer des activités pour la soirée et le lendemain, raconter ses expérimentations en cours. En lieu et place des conférences programmées des Estives, les discussions sont lancés sur la radio du campement.

Fabrication d'une éolienne avec Bilou, le maître des lieux et hôte du festival hack & DIY. - (cc) Ophelia Noor

Chaque jour, une partie du campement passe son temps à trouver des solutions pour améliorer des systèmes déjà en place, produire plus d’énergie avec la construction d’une éolienne, ou en dépenser moins en prenant en compte les atouts du terrain, avec par exemple la construction d’un four solaire. Les contraintes stimulent la créativité et l’expérimentation pour répondre aux besoins de l’homo numericus. Des ateliers sont proposés dans plusieurs domaines, électronique, écologie expérimentale, radio, live coding ou photographie argentique.
Les bactéries, libres et têtues

Sous un arbre avec balançoire, tout au fond de la prairie de Pado Loup, est installée la FFF, la Free Fermentology Foundation, clin d’oeil appuyé à la Free Software Foundation de Richard Stallman. Le hobby de deux chercheurs, Emmanuel Ferrand, maître de conférence en Mathématiques à Paris VII, et Adrienne Ressayre, chargée de recherche en biologie évolutive à l’INRA.

Sur des petits étals de bois, des bocaux où fermentent du kombucha, un thé chinois pétillant réputé pour ses bactéries digestives, des graines de kefir dans du lait ou dans de l’eau mélangée à du sucre et des figues sèches. Et enfin, une potée de riz en fermentation qui servira à fabriquer le makgeolli, un alcool de riz coréen proche de la bière.

(1) Atelier fermentation avec Emmanuel Ferrand et Adrienne Ressayre. (2) Fermentation du riz pour la préparation du magkeolli, (3) morceau de kombucha, (4) dans les pots, kéfir de fruit, de lait, kombucha. Aout 2012 au festival A Pado Loup, Alpes-Maritimes - (cc) Ophelia Noor

Les enjeux, selon Emmanuel Ferrand, sont similaires à ceux du logiciel libre sur la privatisation du vivant :

Les techniques de fermentation ont évolué au cours du temps, elles sont aujourd’hui accaparées par des entreprises qui veulent breveter ces produits déjà existants. La société moderne tend à normaliser les nourritures, et pour des raisons de santé publique en partie justifiées on impose des règles strictes de fabrication, on normalise les pratiques. Avec la FFF nous essayons de faire l’inventaire de ces techniques de fermentations et de préserver celles qui sont plus ou moins borderline ou en voie de disparition – parce que confrontées à des produits commerciaux normés – et de les reproduire.

Tous les matins à 11h, une petite foule se rassemble sous l’arbre à l’écoute des deux chercheurs. On prend le pouls des bactéries, le fromage de kefir, la bière de riz… Après l’atelier fermentation, la conversation dérive chaque fois sur des sujets connexes avec une confrontation stimulante entre Emmanuel le mathématicien, et Adrienne la biologiste : le génome, la pensée réductionniste, les OGM, les mathématiques, la physique, le cancer, les bactéries, le brevetage du vivant.

Des connaissances et des savoirs-faire précieux et ancestraux qui font partie de nos biens communs : “En plus de l’inventaire, nous reproduisons ces techniques ancestrales. Nous partageons nos expérimentations avec d’autres personnes sur le réseaux ou en atelier, comme aujourd’hui à Pado Loup, avec le magkeolli, le kéfir et le kombucha.”
L’écodesign militant

Chacun participe au bon fonctionnement du camp et les tâches ne manquent pas entre la préparation d’un des trois repas, couper du bois pour le feu, ou aller chercher de l’eau potable à la fontaine, deux kilomètres plus bas. Les déchets sont systématiquement recyclés et les restes des repas végétariens sont jetés dans une poubelle spéciale dédiée au compost. Toujours dans le même souci d’utiliser au maximum les ressources naturelles du lieu, Christophe André, ingénieur et designer, proposait deux ateliers d’ecodesign : la construction d’un four solaire et d’une petite maison, sur le principe de l’architecture bioclimatique.

Le jour où on lui a demandé de fabriquer un objet à duré de vie limité, Christophe André a abandonné sa carrière d’ingénieur. Confronté à la tyrannie de l’obsolescence programmée dans les modes de production industriels, il se lance dans des études de design et apprend pendant plusieurs années à fabriquer lui même tous ses objets du quotidien au lieu de les acheter. Il fonde l’association Entropie en 2008. L’idée, proposer un design d’objet sous licence libre à des entreprises, des particuliers ou des collectivités et de rédiger des notices, également sous licence libre, pour diffuser ces savoirs et surtout les fabriquer.

Le four solaire réalisé lors de l'atelier d'ecodesign avec Christophe André, fondateur de l'association Entropie - (cc) Ophelia Noor

La construction du four solaire a nécessité quatre heures de bricolage à une dizaine de participants2. Le four suit le mouvement du soleil, tel un tournesol, grâce à une cellule photovoltaïque coupée en deux par une planche. Sur le principe du cadran solaire, lorsque qu’une partie s’assombrit, un petit moteur, sous une plaque tournante fait tourner le four dans la même direction que le soleil. Un gâteau aux pommes a mis plus de quatre heures à cuire.

Après le repas, lorsque la nuit sans lune recouvre A Pado Loup, un grand feu est allumé. La dizaine d’enfants et les adultes s’y retrouvent pour des jeux, des concerts improvisés. D’autres lancent une projection sonore avec de la musique expérimentale pendant que l’équipe du Graffiti Research Lab part à l’assaut des prairies du Mercantour pour des session de lightpainting3.

La vie la nuit : dans la yourte, le développement photo argentique, les expériences de musique expérimentale, convivialité autour du feu, et atelier lightpainting avec le Graffiti Research Lab. - (cc) Ophelia Noor

De cette seconde expérience, Ursula Gastfall, membre du TMP/LAB, préfère ne pas y penser en termes de pérennisation : “Entre les Estives et APadoLoup, deux ans sont passés. Étant accueillis par des particuliers, nous préférons ne pas faire de plan et pourquoi pas, profiter d’un lieu encore différent la prochaine fois.” L’esprit du hacking, libre et nomade continue de se disséminer dans la nature.

 

 

27Août/12Off

Forum mondial de la pauvreté

 

Intervention de Paul Ariès le 26 juillet 2012. La communauté Emmaüs-Lescar-Pau et le journal d'analyse politique le Sarkophage ont co-organisé les 24 25 26 juillet 2012 le premier Forum mondial de la pauvreté sur le thème - Les pauvres, entre mépris et dignité - Faire renaître les cultures populaires --

16Août/12Off

L’impossible capitalisme vert

Daniel Tanuro vous êtes l’auteur de L’impossible capitalisme vert, paru aux éditions Les empêcheurs de penser en rond / La découverte. Vous êtes aussi le fondateur de l’ONG « Climat et justice sociale ». Qu’est-ce que le « capitalisme vert » ?

D.T. : L’expression « capitalisme vert » peut s’entendre dans deux sens différents. Un producteur d’éoliennes peut se targuer de faire du capitalisme vert. En ce sens - au sens que certains capitaux s’investissent dans un secteur « propre » de l’économie – une forme de capitalisme vert est évidemment possible et très rentable. Mais la vraie question est de savoir si le capitalisme dans son ensemble peut tourner au vert, autrement dit si l’action globale des capitaux nombreux et concurrents qui constituent le Capital peut respecter les cycles écologiques, leur rythmes, et la vitesse de reconstitution des ressources naturelles. C’est dans ce sens que mon livre pose la question et il y répond par la négative. Mon argument principal est que la concurrence pousse chaque propriétaire de capitaux à remplacer des travailleurs par des machines plus productives, afin de toucher un surprofit en plus du profit moyen. Le productivisme est ainsi au cœur du capitalisme. Comme disait Schumpeter : « un capitalisme sans croissance est une contradiction dans les termes ». L’accumulation capitaliste étant potentiellement illimitée, il y a un antagonisme entre le capital et la nature, dont les ressources sont finies. On peut objecter que la course à la productivité amène le capital à être de plus en plus économe en ressources, ce qui se traduit notamment par la diminution observée de la quantité d’énergie nécessaire à la production d’un point de PIB. Mais, d’une part, cette tendance à l’efficience accrue ne peut évidemment pas se prolonger indéfiniment de façon linéaire et, d’autre part, on constate empiriquement qu’elle est plus que compensée par la masse croissante de marchandises produites. Le capitalisme vert est donc un oxymore, au même titre que le capitalisme social.

Ce constat ouvre un débat entre deux conceptions stratégiques opposées. Pour les uns, le fonctionnement spontanément écocidaire du capitalisme peut être corrigé par une action politique dans le cadre du système, en recourant aux mécanismes marchands (taxes, incitants fiscaux, droits d’émission échangeables, etc.). Pour les autres, dont je fais partie, une politique de rupture s’impose au contraire parce qu’une remise en cause des lois fondamentales du capitalisme est absolument indispensable au sauvetage de l’environnement. Il s’agit notamment d’oser contester la propriété privée des moyens de production, fondement du système. A mon avis, le débat entre ces deux lignes est tranché en pratique par l’exemple de la lutte contre les changements climatiques. Dans les pays capitalistes développés, nous sommes confrontés à l’obligation d’abandonner quasi-complètement l’usage des combustibles fossiles en deux générations à peine. Si l’on exclut le nucléaire – et il faut l’exclure - cela implique, en Europe par exemple, de diviser de moitié environ la consommation finale d’énergie, ce qui n’est possible qu’en réduisant dans une mesure non négligeable la transformation et le transport de matière. Passage aux renouvelables et réduction de la consommation énergétique sont liés et nécessitent des investissements importants, inconcevables si les décisions restent subordonnés au dogme de l’efficience-coût. Or, l’alternative à l’efficience-coût ne peut être qu’une planification démocratique axée sur les besoins sociaux et écologiques. Et cette planification à son tour n’est possible qu’en brisant la résistance des monopoles du pétrole, du charbon, du gaz, de l’automobile, de la pétrochimie, de la construction navale et aéronautique,…, car ceux-ci veulent brûler des combustibles fossiles le plus longtemps possible.

Le changement climatique est au centre de votre livre. Vous interprétez ce changement comme étant un « basculement climatique ». Qu’entendez-vous par basculement, et en quoi celui-ci vous paraît-il être autrement plus inquiétant qu’un simple changement ?

D.T. : L’expression « changements climatiques » (il s’agit bien de changements, au pluriel) suggère la répétition de variations climatiques analogues à celles du passé. Or, d’ici la fin du siècle, en quelques décennies, le climat de la Terre risque de changer autant qu’au cours des 20.000 années écoulées depuis la dernière glaciation. Nous ne sommes sans doute plus très loin d’un « tipping point » au-delà duquel il ne sera plus possible d’empêcher la fonte à terme des calottes glaciaires formées il y a 65 millions d’années. Pour décrire cette réalité, le terme « basculement » est indiscutablement plus adapté que celui de « changements » ! La vitesse du phénomène est sans précédent et fait peser une menace majeure, car de nombreux écosystèmes ne pourront pas s’adapter. Cela vaut non seulement pour les écosystèmes naturels mais aussi, je le crains, pour certains écosystèmes aménagés par l’être humain. Voyez ce qui se passe au Pakistan : conçu par le colonisateur britannique en fonction de ses intérêts impérialistes, le dispositif de gestion des eaux de l’Indus par des barrages et des digues qui alimentent un vaste réseau d’irrigation se révèle inadéquat face au risque de crues exceptionnelles. Or, ce risque augmente parce que le réchauffement perturbe le régime des moussons et augmente la violence des précipitations. Il me semble illusoire d’espérer gagner cette course de vitesse en renforçant les infrastructures existantes, comme le proposent la Banque Mondiale et les grands groupes capitalistes spécialisés dans les travaux publics. A l’endiguement des eaux, il serait plus raisonnable d’opposer la gestion souple des crues qui était pratiquée avant la colonisation. C’est ce que propose l’IRN (International Rivers Network) : permettre aux flots d’évacuer les sédiments pour empêcher l’envasement du bassin et alimenter le delta, arrêter la déforestation, ménager des zones inondables, etc. Mais cela demande une refonte complète du dispositif, sur plus de 3000 km, avec des implications majeures sur l’aménagement du territoire, la politique agricole, la politique urbaine, la production énergétique, etc. Sur le plan social, cette refonte, à réaliser en deux ou trois décennies (c’est-à-dire très vite pour des travaux d’une telle ampleur !), implique de remettre en cause le pouvoir de l’oligarchie foncière ainsi que les programmes de développement que FMI et Banque Mondiale imposent par le truchement de la dette. Cette dette doit d’ailleurs être annulée, sans quoi la reconstruction sera lourdement hypothéquée et le pays, étranglé, risquera d’entrer dans l’histoire comme le premier exemple de spirale régressive où le réchauffement global lie entre eux tous les mécanismes du sous-développement et en démultiplie les effets négatifs. On voit bien ici comment les questions sociales et environnementales s’interpénètrent. En fait, la lutte contre le basculement climatique requiert un basculement politique vers un autre modèle de développement, centré sur la satisfaction des besoins des populations. Sans cela, d’autres catastrophes encore plus terribles risquent de se produire, dont les pauvres seront les principales victimes. Tel est l’avertissement lancé par le drame pakistanais.

Vous estimez que les pays du Sud devraient « sauter » l’étape des énergies fossiles pour assurer leur développement et passer directement à celle des énergies renouvelables. Que répondez-vous à ceux qui vous objectent que les énergies renouvelables ne sont pas en mesure (techniquement et quantitativement) d’assurer cette fonction ?

D.T. : Je leur réponds qu’ils ont tort. Le flux solaire qui atteint la surface de la Terre équivaut 8 à 10.000 fois la consommation énergétique mondiale. Le potentiel technique des énergies renouvelables – c’est-à-dire la part de ce potentiel théorique utilisable au moyen des technologies connues, indépendamment du coût – représente six à dix-huit fois les besoins mondiaux, selon les estimations. Il est certain que ce potentiel technique pourrait augmenter très rapidement si le développement des renouvelables devenait enfin une priorité absolue des politiques de recherche dans le domaine de l’énergie (ce qu’il n’est toujours pas actuellement). La transition aux renouvelables pose assurément une foule de problèmes techniques complexes, mais il n’y a pas de raison de les croire insurmontables. Les principaux obstacles sont politiques. Un : sauf exceptions, les énergies renouvelables restent plus chères que les énergies fossiles. Deux : passer aux renouvelables n’est pas la même chose que de changer de carburant à la pompe : il faut changer de système énergétique. Cela requiert d’énormes investissements et ceux-ci, au début de la transition, seront forcément consommateurs d’énergies fossiles, donc générateurs de gaz à effet de serre supplémentaires ; ces émissions supplémentaires doivent être compensées, et c’est pourquoi, dans l’immédiat, la réduction de la consommation finale d’énergie constitue la condition sine qua non d’un passage aux renouvelables qui, une fois opéré, ouvrira de nouveaux horizons. Je le répète : il n’y a pas de solution satisfaisante possible sans affronter le double obstacle combiné du profit et de la croissance capitalistes. Cela implique notamment que les technologies propres contrôlées par le Nord soient transférées gratuitement au Sud, à la seule condition d’être mises en œuvre par le secteur public et sous contrôle des populations.

Vous prônez une écologie sociale que vous appelez l’écosocialisme. Qu’est-ce qu’un écosocialiste ? Et en quoi se différencie-t-il d’un écologiste ou d’un socialiste de « base » ?

D.T. : Un écosocialiste se différencie d’un écologiste en ceci qu’il analyse la « crise écologique » non comme une crise du rapport entre l’humanité en général et la nature mais comme une crise du rapport entre un mode de production historiquement déterminé et son environnement, donc en dernière instance comme une manifestation de la crise du mode de production lui-même. Autrement dit, pour un écosocialiste, la crise écologique est en fait une manifestation de la crise du capitalisme (en n’oubliant pas la crise spécifique des sociétés dites « socialistes » qui ont singé le productivisme capitaliste). Il en résulte que, dans son combat pour l’environnement, un écosocialiste proposera toujours des revendications qui font le lien avec la question sociale, avec la lutte des exploités et des opprimés pour une redistribution des richesses, pour l’emploi, etc.
Par ailleurs, l’écosocialiste se différencie du socialiste « de base », comme vous dites, en ceci que, pour lui, le seul anticapitalisme qui vaille désormais est celui qui prend en compte les limites naturelles ainsi que les contraintes de fonctionnement des écosystèmes. Cela a de nombreuses implications : rupture avec le productivisme et le consumérisme, bien sûr, dans la perspective d’une société où, les besoins de base étant satisfaits, le temps libre et les relations sociales constituent la véritable richesse. Mais aussi contestation des technologies ainsi que des productions nuisibles, couplée à l’exigence de reconversion des travailleurs. La décentralisation maximale de la production et de la distribution, dans le cadre d’une économie démocratiquement planifiée, est une autre insistance des écosocialistes. Un point sur lequel il me semble important d’insister est la mise en cause de la vision socialiste traditionnelle qui voit toute hausse de la productivité du travail agricole comme un pas vers le socialisme. A mon avis, cette conception ne permet pas de rencontrer les exigences de respect accru de l’environnement. En fait, une agriculture et une foresterie plus soutenables écologiquement nécessitent plus de main-d’œuvre, pas moins. Recréer des haies, des bocages, des zones humides, diversifier les cultures, mener la lutte biologique, par exemple, implique une augmentation de la part du travail social investi dans des tâches de maintenance écologique. Ce travail peut être de haute scientificité et de haute technicité – ce n’est pas le retour à la houe – mais il n’est guère mécanisable. C’est pourquoi je pense qu’une culture du « prendre soin » (j’emprunte ce concept à Isabelle Stengers) doit imprégner les activités économiques, en particulier celles qui sont en prise directe sur les écosystèmes. Nous sommes responsables de la nature. D’une certaine manière, il s’agit d’étendre la logique qui est celle de la gauche dans le domaine des soins aux personnes, de l’enseignement, etc. Aucun socialiste ne plaide pour remplacer les infirmières par des robots ; nous sommes tous conscients du fait qu’il faut plus d’infirmières mieux payées pour que les patients soient mieux soignés. Eh bien ! il en va de même, mutatis mutandis, pour l’environnement : pour être mieux soigné, il y faut plus de force de travail, d’intelligence et de sensibilité humaines. Contrairement au « socialiste de base », et même si c’est difficile, l’écosocialiste, parce qu’il est conscient de l’urgence, tâche d’introduire toutes ces questions dans les luttes des exploités et des opprimés, plutôt que de les renvoyer aux lendemains qui chantent.

Beaucoup, dont moi, sont convaincus que la sortie de capitalisme productiviste est une condition incontournable pour lutter efficacement contre le changement climatique.
Pour ce faire, vous en appelez à « l’homme social, les producteurs associés ». Qui sont-ils, et comment peuvent-ils concrètement agir ?

D.T. : Vous faites allusion à la citation de Marx placée en exergue de mon ouvrage : « La seule liberté possible est que l’homme social, les producteurs associés, règlent rationnellement leur échange de matière avec la nature… ». Il faut bien voir que dans l’esprit de Marx, cette régulation rationnelle des échanges est conditionnée par la disparition du capitalisme. En effet, d’une part la lutte de tous contre tous sape en permanence les tentatives des producteurs de s’associer ; d’autre part, une fraction significative des producteurs -les salariés- sont coupés de leurs moyens de production. Ceux-ci, y compris les ressources naturelles, sont appropriés par les patrons. Privés de tout pouvoir de décision, les salariés ne sont pas en mesure de régler rationnellement quoi que ce soit qui concerne la production, pour ne pas parler de régler rationnellement les échanges de matière avec l’environnement ! Pour se constituer en homme social, les producteurs doivent commencer à s’associer dans le combat contre leurs exploiteurs. Ce combat porte en germe l’appropriation collective des moyens de production et l’usufruit collectif des ressources naturelles. Ceux-ci à leur tour sont la condition nécessaire mais non suffisante d’une relation plus harmonieuse avec la nature.

Ceci dit, on peut répondre à votre question sur l’action concrète en examinant comment les différents groupes de producteurs comprennent - ou pas - la nécessité de réguler rationnellement les échanges de matière humanité-nature. Actuellement, il est frappant que les prises de position de type écosocialiste les plus avancées émanent des peuples indigènes et des petits paysans mobilisés contre l’agrobusiness. Ce n’est pas un hasard : ces deux catégories de producteurs ne sont pas, ou pas complètement, coupés de leurs moyens de production. C’est pourquoi elles sont capables de proposer des stratégies concrètes de régulation rationnelle de leurs échanges avec l’environnement. Les peuples indigènes voient dans la défense du climat un argument supplémentaire en faveur de la préservation de leur mode de vie précapitaliste, en symbiose avec la forêt. Quant au mouvement paysan Via Campesina, il a élaboré tout un programme de revendications concrètes sur le thème « les paysannes et les paysans savent comment refroidir le climat ». Par contraste, le mouvement ouvrier est à la traîne. C’est évidemment le résultat du fait que chaque travailleur salarié individuel est amené à souhaiter la bonne marche de l’entreprise qui l’exploite, afin de préserver son gagne-pain. Conclusion : plus les solidarités ouvrières reculeront face à l’offensive néolibérale, plus il sera difficile de développer une conscience écologique chez les travailleurs. C’est un gros problème, car la classe ouvrière, de par sa place centrale dans la production, est appelée à jouer un rôle de premier plan dans la lutte pour l’alternative anticapitaliste nécessaire au sauvetage de l’environnement. Les peuples indigènes, les organisations paysannes et la jeunesse ont donc intérêt à tenter d’impliquer toujours plus les syndicats dans les campagnes pour le climat, en multipliant les collaborations, les contacts à la base, etc. A l’intérieur même du mouvement ouvrier, il convient de faire émerger des revendications qui répondent aux préoccupations en matière d’emploi, de revenu et de conditions de travail tout en contribuant à réduire les émissions de gaz à effet de serre. Un enjeu important à cet égard est la réduction collective radicale du temps de travail, sans perte de salaire, avec diminution drastique des cadences et embauche compensatoire. Un autre volet est l’extension d’un secteur public sous contrôle des travailleurs et des usagers : transports publics gratuits et de qualité, service public de l’énergie, entreprises publiques d’isolation et de rénovation des bâtiments, etc. Les écosocialistes ont un rôle à jouer pour favoriser l’apparition de telles demandes.

Avec L’impossible capitalisme vert vous ne semblez pas craindre d’être taxé de catastrophiste par ceux qui n’ont pas encore compris que nous sommes entrés dans l’ère de l’anthropocène et que l’homme est le principal responsable, notamment depuis l’ère industrielle, de l’emballement climatique. Le capitalisme vert, tout comme « le développement durable » et le « greenwashing », ne participent-ils pas d’une volonté de nier cette responsabilité et de continuer « comme avant » ? La sortie du capitalisme productiviste ne passe-t-elle pas d’abord par une modification de nos comportements de consommateurs et de producteurs ?

D.T. : Je ne suis pas un catastrophiste. Dans mon livre, je me suis basé quasi- exclusivement sur les rapports du GIEC qui, pour ce qui est du diagnostic sur le réchauffement et sur ses impacts possibles, m’apparaissent, quoi qu’on en dise, comme une excellente synthèse de « bonne science », soumise à la peer review. C’est vrai que le GIEC retarde un peu par rapport aux dernières découvertes, mais cela ne change pas grand-chose aux conclusions. En fait, je redoute les discours de panique et de surenchère. Trop souvent, ils tendent à occulter les vraies menaces et les vraies responsabilités. Le basculement climatique se prête bien aux eschatologies, et il ne manque pas de gourous pour clamer que « la planète est en danger », que « la vie est en danger » que « l’humanité est en danger », que le « plafond photosynthétique » va nous tomber sur la tête, ou que sais-je encore. Tout cela est excessif. La planète ne craint rien, et la vie sur Terre est un phénomène à ce point coriace que l’humanité, quand bien même elle le voudrait, ne pourrait probablement pas en venir à bout, même à coup de bombes atomiques… Quant à notre espèce, le changement climatique, en soi, ne la met pas en péril. Le danger qu’il fait planer est plus circonscrit : trois milliards d’êtres humains environ risquent une dégradation substantielle de leurs conditions de vie, et quelques centaines de millions d’entre eux – les plus pauvres – sont menacés dans leur existence même. Les décideurs le savent et ne font rien - ou presque rien - parce que cela coûterait trop cher, et handicaperait par conséquent la bonne marche des affaires. Voilà la réalité toute nue. Trop souvent, les discours catastrophistes ont pour effet d’en voiler la barbarie potentielle, et de diluer les enjeux dans un vague sentiment global de culpabilité : « ne perdons pas de temps à pinailler sur les responsabilités », « nous sommes tous coupables », « nous devons tous accepter de faire des efforts », etc. Pendant ce temps-là, les lobbies énergétiques continuent tranquillement à brûler du charbon et du pétrole à tire-larigot…

Ceci m’amène à la deuxième partie de votre question, concernant le changement de nos comportements de producteurs et de consommateurs. A la suite de ce que j’ai dit plus tôt, il convient de souligner que les salariés sont incapables de changer leurs comportements de producteurs. Qui produit, comment, pourquoi, pour qui, en quelles quantités, avec quels impacts écologiques et sociaux ? au quotidien, seuls les patrons ont le pouvoir de répondre à ces questions et, en dernière instance, ils y répondent en fonction de leurs profits. Les salariés ne peuvent que tenter d’exercer un droit de regard sur la gestion patronale, dans le but de la contester et de prendre conscience de leur capacité de faire mieux, selon d’autres critères que le profit. C’est la dynamique du contrôle ouvrier, et les écosocialistes devraient se pencher sur la manière dont cette vielle revendication peut être revisitée pour englober les préoccupations environnementales.

Pour ce qui est de la consommation, je crois nécessaire de faire la distinction entre les changements individuels et les changements collectifs. A tout prendre, il vaut certes mieux que celui qui voyage en avion compense ses émissions de CO2 d’une manière ou d’une autre, mais cette compensation lui permettra surtout de s’acheter une bonne conscience à bon marché tout en le détournant du combat politique en faveur des changements structurels indispensables. Promouvoir ce genre de comportements, c’est faire le jeu du « greenwashing », et celui-ci vise effectivement à « continuer comme avant ». Autre chose sont les changements collectifs qui concourent à valider une autre logique possible, favorisent l’invention de pratiques alternatives et contribuent à la prise de conscience que des changements structurels sont nécessaires, qui passent par une mobilisation sociale. Ces changements-là, tels que les groupements d’achat de produits bio auprès des agriculteurs, ou les potagers urbains collectifs, sont à encourager.

Peut-on lutter contre le basculement climatique sans tenir compte des coûts financiers et sociaux que cela représente ? Y-a-t-il urgence à bâtir un autre modèle et à risquer de mettre en péril la société toute entière ? Entre Nature et civilisation, quel choix ?

D.T. : Dire qu’une autre politique climatique mettrait la société toute entière en péril au nom d’une priorité de la Nature sur la civilisation, c’est mettre la réalité sur sa tête ! Ce qui se passe en vérité, c’est que la politique actuelle met la civilisation en péril tout en causant d’énormes dommages irréversibles à la Nature, qui est notre patrimoine commun. Cette politique est totalement subordonnée au dogme de l’efficience-coût, et on voit ce que ça donne : des peanuts. Nous allons droit dans le mur. Evidemment, une autre politique ne pourra pas faire comme si le coût des différentes mesures à prendre n’avait aucune espèce d’importance : entre deux stratégies équivalentes pour réduire les émissions, il est raisonnable de choisir celle qui, toutes autres conditions étant égales, coûtera le moins cher à la collectivité. Mais le fond de l’affaire qu’il faut d’abord une autre politique, guidée par d’autres critères que le coût, notamment des critères qualitatifs. Sur le plan technique, un critère essentiel est celui de l’efficience énergétique au niveau des filières. Le grand écologiste américain Barry Commoner plaidait déjà cette cause il y a plus de vingt ans. Il est thermodynamiquement absurde, disait-il, de transporter du charbon sur des milliers de kilomètres pour produire de l’électricité qui, une fois acheminée sur des centaines de kilomètres, servira à chauffer de l’eau sanitaire, chose que l’on peut très bien faire avec un chauffe-eau solaire. Sur le plan social, un critère majeur doit être la protection des populations et de leur bien-être, en particulier la protection des plus pauvres. Ce critère, aujourd’hui, est très largement ignoré, d’où le drame du Pakistan, entre autres.

Enfin, pensez-vous que votre projet écosocialiste soit réalisable dans un avenir proche ?

D.T. : La possibilité de réaliser ce projet dépend entièrement des rapports de force entre le capitalisme d’une part, les exploités et les opprimés d’autre part. Ces rapports de force sont actuellement à l’avantage du capital, il ne faut pas se le cacher. Mais il n’y a pas de troisième voie possible : les tentatives de sauver le climat par des mécanismes de marché étalent tous les jours leur inefficacité écologique et leur injustice sociale. Il n’y a pas d’autre chemin que celui de la résistance. Elle seule peut changer les rapports de forces et imposer des réformes partielles allant dans la bonne direction. Copenhague a été un premier pas, le sommet de Cochabamba un second. Continuons à marcher, unissons-nous, mobilisons-nous, construisons un vaste mouvement mondial pour le sauvetage du climat dans la justice sociale. Ce sera plus efficace que toutes les démarches lobbyistes de ceux qui se font des illusions sur le capitalisme vert.

SOURCE
http://www.ecologitheque.com/itwtanuro.html

9Août/12Off

1ERE FOIRE DE PRODUCTEURS BIO DES ALPES-MARITIMES!!

Dans le cadre de la campagne nationale "Bio et local, c’est l’idéal !", Agribio 06 organise une foire de producteurs bio axée sur l’alimentation, la biodiversité cultivée et les circuits-courts.

Dimanche 23 septembre 2012 au Lycée Horticole d’Antibes
1285 avenue Jules Grec 06600 Antibes
Entrée et parking gratuit de 9h à 21h


A la une

Marché bio : 50 agriculteurs bio des Alpes-Maritimes Agribio 06 réunit dans un même marché un grand nombre de producteurs bio des Alpes-Maritimes. Toutes les filières seront représentées et vous pourrez trouver tous les produits frais de saison (une grande variété de légumes tomates, courgettes, aubergines, poivrons, oignons frais, radis, blettes, salades…) ainsi que les produits emblématiques des (Lire la suite)
Les Toques Brûlées cuisinent la biodiversité ! (dégustation) A l’heure de l’apéritif, Agribio 06 lance un nouveau défi aux Toques brûlées, ces jeunes Chefs de cuisine officiants dans tous types de tables devront improviser des préparations culinaires avec le panier du marché. A la différence près que cette fois ce sont les variétés « anciennes » qui seront mises à l’honneur ! et plus particulièrement les légumes du (Lire la suite)

Repas 100% bio local (12€ sur réservation) Repas 100% BIO local. Réservez votre repas dès maintenant en envoyant votre bulletin d’inscription téléchargeable en ligne ! Les produits qui composent le repas sont des produits locaux, cultivés par les agriculteurs bio des Alpes-Maritimes (sauf le riz bio provenant de Camargue), cliquer pour voir le menu…. Des assiettes gourmandes, sandwichs, (Lire la suite)

Quatre conférences : santé - souveraineté alimentaire - biodiversité - ruralité
« Comment manger sain en 2012 ? » (10h00) avec Dr Laurent Chevallier, Médecin nutritionniste ;
« Rurals ou la convergence des rustres » (14h00) conférence gesticulée avec Hervé Chaplais ;
"Quelle utilisation des terres en France et en PACA à l’horizon 2050" (15h30) par Charlotte Bordet de Solagro ;
Les « gardiens de semences », débat et projection du (Lire la suite)

Animations pour petits et grands !
Les agriculteurs bio et leurs partenaires partagent leur savoir faire et leur passion : Dégustation de lait de chèvre et fabrication de faisselles, Fabrication de compote/confiture, de cosmétique bio, Stand sur l’éco-construction, parc à volailles et animaux, "Oléologie", découverte de l’apiculture bio, "Tous au jardin" : atelier créatif autour des (Lire la suite)

Bourse aux semences et aux plants bio et non traité

Cet espace est dédié aux jardiniers amateurs pour favoriser la biodiversité cultivée et la multiplication de semences de variétés potagères locales et la production alimentaire de proximité. En ville aussi les habitants peuvent produire une partie de leur alimentation en bio grâce aux jardins familiaux, aux potagers de balcons et de terrasses. Bio de (Lire la suite)

RETROUVEZ TOUT LE PROGRAMME DE LA FOIRE DE PRODUCTEURS BIO SUR www.foirebioetlocal.fr

Agribio 06 a pour objectif de développer et promouvoir l’agriculture biologique dans les Alpes-Maritimes car Bio et Local, c’est l’idéal !

Contact : Agribio 06 04 89 05 75 47 / agribio06@bio-provence.org

8Août/12Off

Afterres2050 : Scénario d’utilisation des terres agricoles et forestières pour satisfaire les besoins en alimentation, en énergie, en matériaux et réduire les gaz à effet de serre

de Boris
Source : Solagro

Voir aussi

Dans l'attente du mémento méthodologique qui permettra de rentrer dans les entrailles d'Afterres2050 (publication programmée pour juin 2012), nous vous proposons ce document (version de septembre 2011), qui est la synthèse du "Premier" Afterres2050

Les principaux résultats peuvent se résumer ainsi :
Un mix 50 % agriculture biologique / 50 % agriculture intégrée (à ne pas confondre avec l'agriculture "Raisonnée") peut nourrir la France et quelques voisins en 2050 mais notre assiette et nos paysages sont vraiment différents,
La ration alimentaire contient plus de céréales, de fruits et légumes et beaucoup moins, de viande, de sucre et de lait.
Les sols ne sont jamais nus - notamment en hiver - et une parcelle délivre jusqu’à 6 « productions » - céréales,engrais verts, fruitiers, bois d’oeuvre, .. -, contre une aujourd’hui.
Les troupeaux ont fortement réduit leurs effectifs.
Ces « bouleversements » libèrent 5 à 8 millions d’ha susceptibles de satisfaire d’autres
besoins : production de biomasse pour l’énergie, la chimie verte ou les matériaux de
construction, …
Les émissions de gaz à effet de serre de la filière agricole et alimentaire ne sont toutefois
divisées que par 2 (et non par 4). Ce qui, dans une stratégie globale Facteur 4 peut conduire à :
déplacer certains curseurs de ce scénario déjà très ambitieux pour atteindre le facteur 4 (e qui nous semble somme toute assez difficile,...
sévériser la feuille de route énergie/climat d'autres secteurs d'activités : les transports, le bâtiment, ...
Le débat est en tous cas, ouvert.

p

8Août/12Off

Revenu Universel, avenir ou utopie ?

Le revenu universel (RU) ou Dotation Inconditionnel d'Autonomie (DIA) ou encore Revenu Inconditionnel d'Existence, sont à des détails près dans la même idée : subvenir aux besoins vitaux de toutes les personnes humaines. Qu'il soit au niveau d'un pays ou même international, le chemin est jonché de préjugés extrèmement durs à abattre. La question est en débat depuis longtemps et les objectrices et objecteurs de croissance défendent ce projet de la Dotation Inconditionnel d'Autonomie. Pour abattre certains des préjugées sur ce nouveau projet de vie social et collectif la vidéo d'une conférence  sur le Revenu Universel en est une bonne introduction, présenté par Samuel Bendahan, économiste comportemental chargé de cours EPFL et Président de la commission économie, finances et fiscalité du PS vaudois.

11Juil/12Off

iNviTaTioN APéRO RéZo le 19/07/2012

Ce jeudi 19 juillet à partir de 19H00 au 4 rue Vernier à Nice (Tram arrêt libération)

INvITaTioN APéRO RéZo
Au local du futur café associatif
Visiter le local avant travaux prendre des nouvelles du projet court-circuit café et passer une soirée sympa autour d'une bière et d'un p'tit encas maison!!

Au programme:

19H00 Accueil ouverture du bar associatif "transitoire"
19h30 Projection du film "In transition" 45 minutes
20h15 Présentation du projet court circuit café et appel à bénévole!!
20h30 Pause apéro!
21h00 Concert : xxx

Un café associatif agriculturel, c'est quoi?
- Un lieu associatif, convivial et chaleureux, pour promouvoir des alternatives de consommation et de vie dans un contexte de transition
- Un lieu d'éducation populaire au sein duquel les gens de tout âge et de tous milieux
se retrouvent, échangent, s'informent notamment autour d'un fond documentaire, d'ateliers ou d'un bon repas !
- Une vitrine des initiatives locales, écologiques et solidaires.

11Juil/12Off

Conférence et rapport sur les subventions aux énergies fossiles

Yves Cochet, député européen, a présenté un rapport sur les subventions aux énergies fossiles dans les pays de l’OCDE le 5 juin au Parlement européen loors d’une conférence.

Ce document est une contribution au débat à la veille des grandes échéances internationales qui auront lieu ce mois-ci : le prochain G20 à Mexico et le prochain Sommet de la Terre au Brésil (Rio+20).

Ce rapport met en évidence les importantes économies qui pourraient être réalisées par une réforme des subventions aux énergies fossiles dans 24 pays de l’OCDE.

Les gouvernements ont du mal à honorer leurs promesses de mobiliser 100 milliards par an d’ici à 2020 pour financer l’adaptation au changement climatique – un engagement pris au Sommet de Copenhague en 2009. Des études récentes montrent que près de 750 milliards d’euros de fonds publics sont dépensés chaque année pour soutenir la production et la consommation d’énergies fossiles au niveau mondial.

Les gouvernements pourraient économiser des milliards d’euros en réformant les subventions aux énergies fossiles.

Réformer les subventions aux énergies fossiles conduirait à une réduction significative des émissions de gaz à effet de serre tout en réalisant des économies qui pourraient être investies dans un avenir énergétique propre et sûr, dans les emplois verts ainsi que d’autres biens publics.

http://www.yvescochet.net/wordpress/?p=640

29Juin/12Off

1er forum mondial de la pauvreté

Face au mépris des pauvres et à leur culpabilisation, face au misérabilisme si cher aux gens « biens » lorsqu’ils parlent des naufragés de leur système, face à l’effondrement social, écologique, politique, humain, nous serons 30 000 les 24, 25 et 26 juillet à Pau sur les terres de la communauté Emmaüs de Lescar Pau, dite la rebelle, l’insoumise pour fêter les 30 ans de la communauté et pour participer au 1er forum mondial de la pauvreté co-organisé avec le Sarkophage, le journal des gauches antiproductivistes.

 

Trois jours de grands débats avec Jean Ziegler, Samir Amin, le CADTM, le CETIM, Le centre Tricontinental, ATTAC et bien d’autres. Avec pour la première fois en France, Alberto Acosta, le père du mouvement du « Buen Vivir » et du projet Yasuni-ITT. Nous serons 30 000 pour dire qu’il faut en finir avec le mensonge social sur une réinsertion des naufragés dans ce système : cette réinsertion n’est ni possible ni souhaitable. Nous serons 30 000 pour découvrir qu’existent encore des milieux populaires, des cultures populaires. Nous serons 30 000 pour entendre parler d’alternatives en souffrance et de socialisme gourmand. Nous serons 30 000 pour rêver à une gauche maquisarde, une gauche buissonnière mais qui fasse école. Nous serons 30 000 pour revendiquer le droit aux alternatives, pour exiger de ce nouveau pouvoir, tout de même préférable au précédent, les moyens de multiplier les expérimentations. La gauche avait su en 1981 libérer de nouveaux territoires : ceux des radios libres, des lois Auroux.

 

Nous seront 30 000 pour revendiquer les moyens d’inventer ensemble d’autres façons de vivre. Le matin on fera débattre, l’après-midi village associatif et sieste, et le soir et la nuit une myriade de concerts. Le programme complet est sur les sites du journal le Sarkophage et de la communauté Emmaüs de Lescar-Pau. On a sorti Sarkozy mais le sarkozysme n’est pas mort. Le combat continue ! le sarkophage continue ! pour participer à l’invention d’une nouvelle gauche antiproductiviste, d’une nouvelle gauche qui se mette à l’écoute des milieux populaires, des appauvris du Sud et du Nord.

Paul Aries Directeur du journal le Sarkophage

29Juin/12Off

Le Sarkophage a VRAIMENT besoin de vous / Forum mondial de la pauvreté

Nous transmettons un double appel de Paul Ariès :

  • pour le Sarkophage
  • pour le Forum mondial de la pauvreté : 24, 25 et 26 juillet

Le Sarkophage a VRAIMENT besoin de vous ! CherEs amiEs, cherEs camarades, faite circuler cet appel ! Achetez le arkophage actuellement en Kiosque ! Nous avons sorti Sarkozy ! Le Sarkozysme n’est pas mort ! Le combat continue ! Le sarkophage continue !

Achetez de toute urgence le n° de mai/juin dans les kiosques ! Nous avons besoin de votre soutien immédiat. Abonnez-vous ! Abonnez vos amiEs ! Nous avons besoin du Sarkophage parce que la première normalité de notre Président Nomal est de dire qu’il n’y a rien de possible sans croissance économique…. Face à ce président sans imagination…, Le Sarkophage reste avec son édition papier tous les deux mois et avec ses forums (ralentissement, gratuité, désobéissance, pauvreté, etc) une source de renouvellement de la pensée et des pratiques des gauches…

Face au mépris des pauvres et à leur culpabilisation, face au misérabilisme si cher aux gens « biens » lorsqu’ils parlent des naufragés de leur système, face à l’effondrement social, écologique, politique, humain, nous serons 30 000 les 24, 25 et 26 juillet à Pau sur les terres de la communauté Emmaüs de Lescar Pau, dite la rebelle, l’insoumise pour fêter les 30 ans de la communauté et pour participer au 1er forum mondial de la pauvreté co-organisé avec le Sarkophage, le journal des gauches antiproductivistes.

Trois jours de grands débats avec Jean Ziegler, Samir Amin, le CADTM, le CETIM, Le centre Tricontinental, ATTAC et bien d’autres. Avec pour la première fois en France, Alberto Acosta, le père du mouvement du « Buen Vivir » et du projet Yasuni-ITT. Nous serons 30 000 pour dire qu’il faut en finir avec le mensonge social sur une réinsertion des naufragés dans ce système : cette réinsertion n’est ni possible ni souhaitable. Nous serons 30 000 pour découvrir qu’existent encore des milieux populaires, des cultures populaires. Nous serons 30 000 pour entendre parler d’alternatives en souffrance et de socialisme gourmand. Nous serons 30 000 pour rêver à une gauche maquisarde, une gauche buissonnière mais qui fasse école. Nous serons 30 000 pour revendiquer le droit aux alternatives, pour exiger de ce nouveau pouvoir, tout de même préférable au précédent, les moyens de multiplier les expérimentations. La gauche avait su en 1981 libérer de nouveaux territoires : ceux des radios libres, des lois Auroux.

Nous seront 30 000 pour revendiquer les moyens d’inventer ensemble d’autres façons de vivre. Le matin on fera débattre, l’après-midi village associatif et sieste, et le soir et la nuit une myriade de concerts. Le programme complet est sur les sites du journal le Sarkophage et de la communauté Emmaüs de Lescar-Pau. On a sorti Sarkozy mais le sarkozysme n’est pas mort. Le combat continue ! le sarkophage continue ! pour participer à l’invention d’une nouvelle gauche antiproductiviste, d’une nouvelle gauche qui se mette à l’écoute des milieux populaires, des appauvris du Sud et du Nord.

Paul Aries Directeur du journal le Sarkophage